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DU TRITIUM RADIOACTIF TROUVÉ DANS LES URINES D’UN CONSOMMATEUR D’EAU DE L’AGGLOMÉRATION D’AGEN

Nous avons demandé au laboratoire de la CRIIRAD (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité) de procéder aux analyses des urines et de l’eau consommée de 2 habitants de l’agglomération d’Agen, l’une buvant l’eau du robinet (William)1, l’autre ne la buvant pas (Juliette)2.

Concernant les urines de William, qui boit l’eau du robinet de l’agglomération d’Agen, le tritium est détecté systématiquement dans les urines (2,6 ± 1,0 Bq/l à 4,5 ± 1,2 Bq/l). Ce n’est pas étonnant puisqu’il est présent régulièrement dans les eaux du robinet que boit William et que son élimination par le corps humain résulte de mécanismes complexes avec des périodes biologiques qui vont d’une dizaine de jours à 1 an.

Pour les eaux du robinet échantillonnées pendant la période du 18 octobre au 5 novembre 2021 (5 jours sur 7), les activités en tritium sont inférieures aux limites de détection (< 1,9 Bq/l) ou très proches de ces limites (1,9 ± 1,0 Bq/l). Il faudrait regarder a posteriori, lorsque nous aurons accès aux données de rejets liquides de Golfech en Garonne, s’il y a eu ou non des rejets pendant cette période et à quel niveau…

Concernant les analyses d’urine de Juliette et de l’eau qu’elle a consommé les résultats font état d’une activité en tritium < 1,9 Bq/l et pour les urines < 2,2 Bq/l inférieurs aux limites de détection.

L’interprétation de ces résultats est certes compliquée par le fait qu’un habitant de ce secteur est à la fois exposé potentiellement au tritium par inhalation, ingestion d’eau, d’aliments et transfert cutané.

La contamination observée fait état d’une faible radioactivité mais qui ne doit cependant pas être négligée car c’est sur le long terme que l’eau du robinet est consommée et que la contamination peut s’accumuler et augmenter les effets sur la santé…

Pour la CRIIRAD les normes sanitaires ne sont pas assez protectrices.

Si une situation chronique doit être envisagée sur la vie entière, la norme devrait être abaissée en dessous de 30 Bq/l voire de 10 Bq/l (au lieu des 10 000 Bq/l de la norme OMS ou les 100 Bq/l de la norme française), sinon les risques de cancer à long terme pourraient être 300 fois supérieurs à ceux retenus pour la pollution d’origine chimique. A noter que l’ARS qui analyse (environ 8 fois par an) l’eau du robinet ne diligente pas d’enquête quand la norme française de 100 Bq/l n’est pas atteinte.

Il réside à l’heure actuelle des incertitudes sur la vulnérabilité du fœtus et de la femme enceinte. Pour cette raison nous estimons que davantage d’information devrait être fournie aux habitants sur cette contamination de l’eau du robinet qui est sans doute potable au regard des normes en vigueur (du moins pour la radioactivité qui nous intéresse ici). On peut regretter le manque de transparence à la fois de l’exploitant de la centrale de Golfech (EDF) qui n’informe pas sur les dates et la durée de ses rejets et du service des eaux de l’agglomération qui reconnait ne pas être informé de ces rejets mais n’informe pas suffisamment les consommateurs sur la présence de radioactivité dans l’eau du robinet fournie par l’agglomération.

La CRIIRAD nous rappelle également que L’Institut National des Sciences Radiologiques du Japon a montré que les différents effets du tritium sur des cellules de mammifères (destruction, mutation ou induction de cancers) sont plus importants qu’on ne le croyait, et que  la radiotoxicité du tritium semble donc avoir été largement sous-évaluée et que trop peu de travaux existent sur les effets à long terme, notamment génétiques, de la contamination par ce radioélément.

Il ne faut néanmoins pas surinterpréter ces résultats “tritium eau et urines” qui sont issus d’une campagne de mesure modeste. Mais ces premiers résultats indiquent qu’il serait très intéressant de faire un suivi sur plusieurs mois. Il faudrait pour cela trouver des partenaires pour apporter un financement…

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1 – Résultat analyse urines de William habitant Le passage qui boit l’eau du robinet de l’agglo d’Agen (pdf)

2 – Résultat analyse urines de Juliette qui habite Agen et ne boit que de l’eau en bouteille (pdf)