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Pollution radioactive de la Garonne : l’impact des pipeaux de Golfech

Communiqué remis à la presse le mercredi 20 janvier 2021 lors de notre conférence de presse.
Nous remercions Monsieur Alain Zanardo, maire écologiste de Roquefort, de son accueil, de sa présence et de sa participation pertinente.

Les ‘pipeaux’ c’est le surnom que nous avons donné aux clarinettes, comme les nomme EDF, qui sont les buses par lesquelles les centrales nucléaires rejettent la radioactivité dans les cours d’eau (dont nous buvons l’eau et qui irriguent nos productions agricoles).

Ils sont arrivés les résultats des analyses(1), les premiers depuis dix ans. Il a fallu y mettre quelques moyens que les militants ont dû en grande partie sortir de leurs poches. Un grand merci aux associations(2) et donateurs individuels.

Nous n’avons reçu aucun soutien des élus auxquels nous avons pourtant envoyé à 2 reprises une centaine de lettres sur ce thème ; les réponses se comptent sur les doigts d’une main et nous avons essuyé un refus de nous rencontrer fin 2019 de la part du maire d’Agen. Nous espérons à nouveau nouer des relations avec les élus et leur démontrer que leur intérêt n’est pas de cacher le nucléaire sous le tapis.
Ce sont leurs administrés qui mangent et boivent le gros de la radioactivité alors que Golfech et Montauban (en amont) reçoivent dotations, subventions et retombées fiscales. Depuis 2000 la pollution radioactive s’est accrue car c’est à cette époque qu’il a été décidé de rejeter la radioactivité en tritium dans les cours d’eau alors que cette pollution était jusqu’alors rejetée dans l’atmosphère. La raison en serait que l’on boit moins que l’on respire ! Une étrange redistribution des… nuisances.

Résultats d’analyses : contamination chronique et persistante

Les résultats des analyses, obtenues auprès du laboratoire indépendant de la CRIIRAD (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité), confirment les résultats de 2009 : quatre fois plus de radioactivité en tritium dans la Garonne en aval qu’en amont de la centrale de Golfech, et 3 fois plus de carbone 14. Avec une augmentation de 60 % du Carbone 14 radioactif, celui-ci ayant une demi-vie de 5750 ans plus importante que le Tritium (12,3 ans).

Il y a donc une accumulation continue et une augmentation des dangers sanitaires pour les populations. Ces résultats qui concernent surtout l’analyse de végétaux prélevés dans la Garonne confirment sans appel la pollution déjà révélée par notre enquête sur l’eau du robinet à partir des résultats fournis par l’administration : 20 % du temps, en 2018, l’eau du robinet dans Agen et ses environ (35 000 habitants) a été contaminée par une pollution, due à la présence de tritium radioactif, de 50 Bq/litre ou plus.

Notre enquête : Pollution radioactive dans l’eau du robinet à Agen et ses environs

La CRIRAD qui a effectué une analyse critique de la norme sanitaire édictée par l’OMS, nous signale que sa valeur devrait être ramenée à 30 Bq/l car au dessus de ce seuil les risques de cancer pourraient être supérieurs à ceux retenus pour les pollutions de nature chimique. La norme sanitaire édictée par  l’OMS (10 000 Bq/l) est 333 fois supérieure à ce qu’elle devrait être. Nous savons depuis longtemps que l’OMS défend les intérêts du lobby nucléaire. Pour l’OMS l’industrie nucléaire passe avant la santé des populations.
La CRIIRAD nous rappelle également que L’Institut National des Sciences Radiologiques du Japon a montré que les différents effets du tritium sur des cellules de mammifères (destruction, mutation ou induction de cancers) étaient plus importants qu’on ne le croyait, et que  la radiotoxicité du tritium semble donc avoir été largement sous-évaluée et que trop peu de travaux existent sur les effets à long terme, notamment génétiques, de la contamination par ce radioélément.

Une population lot-et-garonnaise impactée

Les habitants d’Agen et ses environs ne sont pas les seuls concernés, une importante partie de la population lot-et-garonnaise consomme l’eau de la Garonne.
Par exemple :

BRAX BRUCH
STE COLOMBE EN BRUILHOIS
MONTESQUIEU
FEUGAROLLES
THOUARS SUR GARONNE
MARMANDE
ST PARDOUX DU BREUIL
BEAUPUY
STE BAZEILLE/BOURG+PLAINE
LAGUPIE ST MARTIN PETIT
2017-09-11: 12,7 Bq/L2017-10-23: 11,06 Bq/L
2016-07-28: 28,4 Bq/L

Note : au-delà de 3 Bq/l il y a pollution, on ne peut plus parler d’une eau de qualité

D’autre part, nous avons établi au RCSRGB (Réseau Citoyen de Surveillance de la Radioactivité Golfech Le-Blayais) une liste de 77 captages, à usage d’irrigation, d’eau de la Garonne et dans le seul département du Lot-et-Garonne. Nous ne la publierons pas ici, les exploitants agricoles ayant déjà assez des soucis. Sachons tout de même que la quantité prélevée pour cet usage s’élève à 9 504 136 m3 en 2018, une quantité proche de celle de l’eau prélevée pour l’usage d’eau potable (8 717 695 m3).  Nous devons tous souhaiter que les exploitants et les entreprises agricoles puissent bénéficier d’une eau de qualité pour irriguer leurs productions, et d’en être encore plus fiers.
Voici ce que nous en dit un ingénieur en analyse de la radioactivité : « …il existe des modèles de transfert mais c’est complexe et peu fiable. On peut s’attendre pour la composante tritium libre à une valeur proche de celle qui est dans l’eau d’irrigation. Le mieux serait de faire des mesures mais on retombe sur la question des ressources financières ».

EDF, non mais laissez-moi manger ma banane !

EDF nous raconte : « Sachez que boire chaque jour 2 litres d’une eau contenant 100 Bq/l de tritium équivaut en dose radioactive à manger chaque mois une banane ».
La banane étant naturellement riche en potassium, elle est par conséquent également « riche » en K40, c’est-à-dire du potassium radioactif. Mais elle n’en renferme pas au point d’être détectable avec un compteur Geiger ! Ensemble avec les rayonnements cosmiques, telluriques (provenant du sol), et le radon, le K40 fait partie de la radioactivité naturelle, à laquelle nous sommes tous exposés. Comparer la dose K40 à ce qui est rejeté par une centrale nucléaire est donc malhonnête.
(source Lettre d’Information de la CRIIRAD n° 75 décembre 2020).
Le tritium et le carbone 14 sont des pollutions artificielles qui pourraient être évitées. Ce n’est pas la peine d’en rajouter.
La république nucléaire serait-elle devenue la version moderne de la république bananière ?

Une industrie nucléaire civilo-militaire

Pourquoi s’obstiner dans la voie du nucléaire avec ses dangers, ses risques sanitaires, et un coût de plus en plus insupportable. C’est pourtant la voie que choisit le président Macron : « Sans nucléaire civil, pas de nucléaire militaire, sans nucléaire militaire, pas de nucléaire civil  ».
L’état français reconnaissant remerciera t’il les malades et en particulier les cancéreux français morts pour le nucléaire français, des morts dignes représentants d’une population française première cible sinon première victime de la dissuasion nucléaire ?

(1) http://stopgolfech.org/2021/01/notes-criirad-du-18-12-20-sur-impacts-des-rejets-radioactifs-de-la-centrale-de-golfech-dans-la-garonne/
et
https://surveillance-golfech.fr/cnpe-de-golfech-impact-des-rejets-radioactifs-dans-la-garonne-radioactivite-des-vegetaux-aquatiques/

(2) Un grand merci aux associations qui ont aussi participé aux frais de ces analyses :
– Association des  Malades de la Thyroïde (82),
– Amis de la Terre Midi Pyrénées qui se sont acquittés du 1/3 de la facture,
– FNE 82, France Nature Environnement 82
– Gadel : Groupement d’Alerte et de Défense de l’Environnement su Lot
– Horizon Vert (47),
– Quercy Blanc Environnement (46),
– SDN82 Sortir du Nucléaire 82
– SEPANLOG (47) : Société pour l’Étude, la protection et l’Aménagement de la Nature en Lot-et-Garonne
– VSDNG (47) : Vivre Sans le Danger Nucléaire de Golfech – Stop Golfech