Les Élus ne se laissent-ils pas aveugler par le faux éclat des EPR ?
Article collectif StopGolfech et RCSRGB
Suite au projet de 2 EPR demandés par : la communauté de communes des deux rives ( Valence d’Agen, Golfech ), Agen métropole, le conseil départemental 82, le conseil régional d’Occitanie, Toulouse métropole…
Le nucléaire manque d’eau et en manquera de plus en plus !
1/ Qu’affirme le SMEAG (Syndicat Mixte d’Études et d’Aménagement de la Garonne) en 2022 ?
« Cette année aura été marquée par un étiage(1) très précoce, très intense et très long sur l’ensemble du bassin Garonne entraînant de longues périodes en dessous des records statistiques. L’année 2022 établit également le nouveau record de « déstockage » (lâchers d’eau pour alimenter le canal d’amenée de la Centrale)
Tous ces éléments témoignent du fait que la campagne 2022 restera dans l’histoire du soutien d’étiage(1) de la Garonne comme la plus sèche et la plus intense jamais rencontrée. Cette année de tous les records nous donne sûrement un aperçu de ce qui pourrait nous attendre dans 10 ou 20 ans. »
2/ Qu’affirme l’Agence de l’eau Adour- Garonne ?
Déjà en 2020 cette Agence constate une baisse de 30 à 40 % du débit des rivières alimentant la Garonne.
Parmi les perspectives et effets du changement climatique, il faudra tenir compte de la vulnérabilité très forte pour la disponibilité des eaux de surface.
3/ Qu’affirme Explore 2, un projet qui fournit des données prospectives concernant le climat et les débits d’eau jusqu’en 2100 (données du GIEC) ?
Sur les fiches de synthèse pour Portet-sur-Garonne (31) et Malause (82) on constate en amont de la Garonne une baisse notable des débits sur toute l’année mais surtout l’été, avec un très important allongement de la durée de l’étiage(1).
4/ Le constat des hydrologues et hydroclimatologues, sur le cycle de l’eau, est sans appel :
Florence Habets, hydro-climatologue directrice de recherche au CNRS, professeure attachée à l’École Normale Supérieure, et présidente du comité scientifique de l’agence de l’eau Seine-Normandie, met en évidence (à l’horizon 2070-2100 ) selon la dernière génération des modèles climatiques (5ème rapport du GIEC) une nette diminution des débits dans le bassin Adour-Garonne de l’ordre de 45%.
Emma Haziza, hydrologue de l’école des Mines, fait un état des lieux révélateur de la gravité du dérèglement du cycle de l’eau. 2022 coche toutes les cases : sécheresse et canicule longues, 10 mois sans pluie, 1300 communes de France sans eau sur plusieurs mois, une partie du Rhin et du Doubs à sec, 45 000 morts de chaleur en Europe… Des coûts de plusieurs milliards pour l’agriculture et la santé. Elle parle du Nucléaire comme étant un colosse au pied d’argile tant les besoins en eau sont démesurés.
Au total, (source Sfen et ministère Transition Ecologique ) le total des prélèvements d’eau pour l’ensemble des 56 réacteurs en fonctionnement en France est de 26 milliards de m3/an, soit 60 % environ du total des prélèvements en France, toutes activités confondues. Mais 97 % de l’eau prélevée par les centrales est restituée à l’environnement (plus chaude et polluée). Ce sont donc seulement 3 % de l’eau prélevée qui est consommée soit 0,5 milliard. Mais encore faut-il que ces 26 milliards de m³ soient présents et disponibles avec tout ce dérèglement climatique en cours !
A Golfech comme ailleurs, les 2 réacteurs à circuit fermé, couplés à 2 EPR encore plus gourmands en eau, ne peuvent fonctionner dans ces conditions, alors qu’ils sont contraints par les dérogations de plus en plus fréquentes, à ne pas dépasser la température de 28 ° dans les fleuves.
5/ Chaque EPR prélève 5m³/s d’eau, soit beaucoup plus qu’un réacteur de Golfech qui en prélève 2m³/s (EDF_RAPPORT_GOLFECH_2022_0.pdf)
Au total , il faudra donc 14 m³/s d’eau par seconde disponibles pour les 4 réacteurs de Golfech…
Est ce bien RAISONNABLE ? Nos élus en ont ils conscience ?
6/ L’usage de l’eau et ses priorités :
Les décideurs d’aujourd’hui vont avoir une lourde responsabilité au regard de cette quasi certitude du manque d’eau. Ils vont avoir à gérer les conflits d’usage et de priorité afin d’éviter que ces derniers ne dégénèrent. Dans ce cadre contraint, qui aura la priorité : l’EDF, l’Agriculture, la population ou les écosystèmes ?
NOUS DEVONS ETRE INFORMES, ET ÊTRE PARTIE PRENANTE DANS LES DÉCISIONS
Le coût du nucléaire
1/ Que penser de l’évolution du coût des 6 réacteurs
au regard de la première évaluation à 51 milliards d’euros, actualisé en 2024 à 67,5 milliards selon Les Échos du 6 Mars 2024 ? Selon Greenpeace « la facture va probablement dépasser les 100 milliards d’euros en incluant les frais financiers »
Le Moniteur et le Journal des Échos affirment que les coûts de construction des réacteurs sont toujours plus importants que prévus, à l’image des EPR Flamanville, l’anglais Hinkley Point ou le finlandais Olkiluoto.
Afin de contrôler les futurs déficits en eau, de nombreux ouvrages hydrauliques seront nécessaires et coûteux. Ces coûts supplémentaires s’ajouteront aux coûts déjà exorbitants du nucléaire par rapport aux énergies renouvelables.
BURE, centre de stockage des déchets ultimes, est évalué entre 25 -30 milliards.
Les futures piscines de stockage qui peuvent être des cibles doivent être mieux protégées et donc plus coûteuses (plus d’un milliard l’unité ).
On passe sur le grand carénage et le démantèlement .
2/ La sobriété :
Lutter contre les passoires thermiques permet de réduire les coûts énergétiques des plus modestes, c’est un enjeu de justice sociale. Ceci occasionnerait la création de 250 000 emplois d’ici à 2030 et un gisement d’innovation pour nos TPE et nos PME (2). Par exemple le développement des filières locales d’isolants bio-sourcés : chanvre, fibre de bois etc… supprimerait l’isolation produite à partir du pétrole.
En conclusion, le programme nucléaire prévu occulte complètement la transition énergétique en accentuant la prolifération des déchets présents et à venir ! (exemple : le couvercle de la cuve de Flamanville hautement radioactif doit déjà être changé).
Par ailleurs, la dette publique est, et sera, largement amplifiée par le budget nucléaire pharaonique présent et à venir.
LE NUCLÉAIRE A VÉCU ET N’A PLUS DE PERTINENCE SANS EAU !
Signature : Amis de la Terre Midi-Pyrénées, France Nature Environnement 82, Réseau Citoyen de Surveillance de Golfech, Sortir du Nucléaire 82, Vivre Sans le Danger nucléaire de Golfech. – le 25 septembre 2024 www.stopgolfech.org www.surveillance-golfech.fr
1) Étiage : période ou le niveau d’eau est le plus bas
2) Rapport N° 482 ASSEMBLEE NATIONALE SEIZIEME LEGISLATURE le 16 novembre 2022