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Diesels de Secours, un Incident de Niveau 2 pour Golfech : en route pour la catastrophe

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Diesels de Secours et d’Ultime Secours (DUS), des problèmes à répétition comme révélateur d’un échec industriel

AVEC LE NUCLÉAIRE NOUS DEVONS ÊTRE INFAILLIBLE, L’HOMME NE L’EST PAS

Après la catastrophe nucléaire de Fukushima en 2011, il a été décidé d’améliorer la sûreté des centrales nucléaires en installant des groupes électrogènes d’ultime secours à moteur diesel sur chaque réacteurs. L’ASN, l’autorité de sûreté nucléaire, impose alors à EDF de vérifier l’ensemble des autres sources électriques de secours…
Fin 2020 les diesels d’ultime secours de 37 réacteurs sur les 56 en service s’avèrent présenter des malfaçons et un défaut d’entretien.

Pour certains réacteurs, les 2 diesels sont concernés. C’est le cas pour le réacteur Golfech 2.

Le 11 juillet 2022, l’ASN annonce que tous les défauts découverts ont été réparés. Il n’y avait donc jusqu’alors aucune garantie que les dispositifs de secours des réacteurs nucléaires d’EDF aient pu fournir l’électricité nécessaire en cas d’évènement extrême comme à Fukushima…

L’ASN a classé cet évènement au niveau 2 de l’échelle INES pour cinq réacteurs : Golfech 2, Chinon 2 et 4, Cruas 4 et Civaux 2.

Étonnamment et peu auparavant, à Golfech, dans la nuit du 18 au 19 juin 2022, un événement a rendu un des deux groupes électrogènes de secours à moteur diesel indisponible pendant une durée de deux heures environ. Le groupe électrogène d’ultime secours (DUS), était également indisponible sur cette période.

Les DUS, moteurs diesels d’ultime secours, sont des géants de 70 tonnes qui ont été installés depuis 2020. Ils permettent de refroidir le réacteur en cas de gros pépin et d’éviter, ou au moins d’essayer d’éviter, une catastrophe type Fukushima. Mais à peine mis en service nombre d’entre eux ont connu une série d’incendies. Ce problème avait pourtant été déjà pointé il y a quatorze ans aux USA par la Commission de régulation de l’énergie nucléaire américaine. Ce défaut de conception n’a cependant pas empêché EDF d’en acheter 56 pour une facture totale d’environ 1 milliard d’euros. Au bout de dix-huit mois, neuf d’entre eux ayant grillé, l’ASN a sommé EDF de trouver rapidement une solution.

Marché de DUpeS

Selon le Canard Enchaîné le marché des DUS était pipeauté. C’est ce qu’affirmait un ancien membre de l’état-major de la direction des achats d’EDF, dans une attestation au pôle national Financier qui instruit une plainte pour «délit de favoritisme, recel et mise en danger d’autrui». Étrangement, en effet, c’est le plus cher qui a emporté l’appel d’offre.
En avril 2014, au terme de deux appels d’offres particulièrement longs (près de deux ans, alors qu’il y avait urgence), EDF sélectionne deux propositions dont celle de l’américain Westinghouse dont les diesels ont la peu délicate habitude de prendre feu. En bref EDF a choisi des moteurs qui ne conviennent pas, qu’il a payé 60 millions trop cher et qui lui ont été livrés avec plus de deux ans de retard, avant de prendre feu.

D’autre part ces DUS devaient être conçus pour pouvoir fonctionner jusqu’à + 49 ° et – 35 °. Devant les difficultés techniques rencontrées par les fabricants belge et américain, ces critères ont finalement été abandonnés. On peut s’en inquiéter au moment où la France connaît de plus en plus fréquemment des records de chaleur. Là un sérieux problème se pose déjà : nous avons constaté courant août 2022 des températures supérieures avoisinant* les 50 °C à quelques centaines de mètres de la centrale. Le rejet de vapeur d’eau des tours aéroréfrigérantes provoquant un effet de serre et donc une augmentation locale de la température, on peut légitimement supposer que les DUS ne pourraient pas alors fonctionner convenablement.

On ne se sent pas vraiment, et même vraiment pas du tout en sécurité.

Les grandes entreprises pensent sans doute y trouver leur compte, une catastrophe est une telle opportunité : tout nettoyer, tout reconstruire… Révélateur d’un inconscient économique qui peut nous mener à la catastrophe!

  • Le thermomètre utilisé est un thermomètre digital de marque Bresser avec une gamme de température de fonctionnement limité à 50°C (comme beaucoup de thermomètres). Nous avons constaté le ‘plantage’ du thermomètre quelques instants après avoir lu 47° C, thermomètre posé sur le sol (chemin de terre) au soleil, l’après-midi.

Note : cet avis d’incident n’a pas été mentionné par la presse locale. Un incident de niveau 2 doit être considéré comme un incident pouvant avoir des conséquences très graves, dans le cas présent l’impossibilité pour l’exploitant d’alimenter la centrale en électricité en cas d’accident comme cela a été le cas à Fukushima…