L’enjeu de la transition énergétique doit nous amener à discuter
ensemble pour un service public de l’énergie et de l’électricité
décidé sous contrôle citoyen.
Pour un projet service public contre le projet libéral Hercule.
Ce texte reprend le contenu d’un tract distribué aux travailleurs de la centrale nucléaire de Golfech le 27 juin 2021
Ce texte a été écrit conjointement par André Crouzet de StopGolfech /VSDNG et Gilles Reynaud du syndicat des travailleurs sous-traitants du nucléaire ‘Ma Zone Contrôlée‘.
Ce texte a été lu et approuvé par les organisations suivantes :
– Coordination Stop Golfech :
– Amis de la Terre Midi –Pyrénées
– France Nature Environnement 82
– Groupement d’Alerte et de Défense de l’Environnement Du Lot
– Réseau Citoyen de Surveillance de la radioactivité de Golfech /Blayais surveillance-golfech.fr
– Sortir du Nucléaire 82
– Vivre sans le Danger Nucléaire de Golfech stopgolfech.org
Tract signé aussi par Ma zone contrôlée
Le scénario novateur de RTE
RTE, le gestionnaire du réseau à haute tension français, a publié ce 8 juin 2021 six scénarios pour l’avenir du système électrique national à l’horizon 2050, qui impliquent tous une forte hausse des énergies renouvelables, à commencer par le solaire. La sortie du nucléaire n’est plus un tabou. RTE s’est lancé en 2019 dans une vaste étude avec pour horizon, 2050, date à laquelle la France vise la neutralité carbone. Après avoir reçu de nombreuses contributions (entreprises, ONG, syndicats, etc.) dans le cadre d’une consultation publique, la société a dévoilé mardi 8 juin 2021 le “cadrage” retenu. Il en ressort six scénarios pour le mix de production, qui doivent maintenant faire l’objet d’évaluations avant publication des principaux résultats de l’étude à l’automne.
Un premier scénario (M0) prévoit un système s’appuyant à 100% sur les renouvelables en 2050, avec une sortie complète du nucléaire d’ici là. Cela suppose un rythme d’installation des énergies renouvelables poussé à son maximum, notamment pour le solaire. La faisabilité technique de ce scénario avait déjà fait l’objet d’un rapport conjoint avec l’Agence internationale de l’énergie (AIE) publié fin janvier. Les deux entités concluaient à sa faisabilité, à condition de remplir une série de conditions techniques strictes et cumulatives.
Ce changement de cap doit se réfléchir et se préparer maintenant pour ne pas laisser au bord de la route les travailleurs (es) des productions électriques actuelles, dont le nucléaire. On a connu le “tout-charbon”, le “tout-pétrole”, aujourd’hui le “tout-nucléaire”. RTE et AIE confirment qu’un avenir énergétique sans nucléaire est possible avec un MW mois cher et plus créateur d’emplois. On peut, et nous devons, réorienter ensemble notre politique énergétique dans un service public fort, dans une diversification des moyens de production dont la faisabilité est confirmée par RTE.
Cette réflexion est ouverte à tous et toutes et est maintenant transversale comme l’exprime Anne Debrégeas, Ingénieure-chercheuse à EDF, porte-parole de la fédération syndicale SUD-Energie.
Elle réamorce un débat sur la réorganisation actuelle d’EDF à travers la proposition du projet Hercule qui hypothèque notre avenir dans une orientation toujours aussi libérale brisant définitivement les acquis du Conseil National de la Résistance.
Refus du projet Hercule
C’est l’ouverture des marchés de l’électricité aux consommateurs résidentiels en 2007 qui a ouvert la porte de la situation actuelle – le 1er juillet 2007 ouverture aux consommateurs industriels et commerciaux. Cette libéralisation a de fait remis en cause la conception de la notion de service public (décidé en 1946 par le Conseil National de la Résistance).
Le débat autour du projet Hercule n’est donc pas technique : il oppose deux conceptions diamétralement opposées de l’avenir du secteur électrique. L’une consiste à le livrer à de grands groupes qui se partageront alors un marché mondial particulièrement lucratif et détiendront les clés d’un secteur stratégique, à l’image des Gafam pour la communication.
Outre les risques de perte d’indépendance stratégique et de contrôle démocratique, cette option est coûteuse pour la collectivité et incapable de répondre à l’urgence climatique et écologique. Elle expose le système électrique à des risques de défaillance majeure, comme en témoignent les récentes coupures gigantesques qui ont entraîné des dizaines de morts au Texas, ou encore les incendies mortels et les coupures massives en Californie.
Afin de redonner à EDF les moyens financiers lui permettant d’investir dans le parc et les réseaux électriques, le projet Hercule prévoit de scinder le groupe. Un pôle public regrouperait les filières historiques de production (nucléaire, gaz et hydraulique). Un pôle ouvert aux capitaux privés, à hauteur de 30% à 35% dans un premier temps (EDF Énergies Renouvelables) regrouperait les autres activités dont les énergies renouvelables et les réseaux de distribution gérés par la filiale Enedis. Rien n’est jamais dit sur le montant net qu’une telle opération pourrait dégager, secret des négociations oblige.
EDF et le gouvernement mettent en avant les difficultés financières de l’entreprise avec un responsable : l’Arenh (Accès régulé à l’électricité nucléaire historique), mécanisme qui impose à EDF, depuis 2011, de vendre un quart de sa production nucléaire aux fournisseurs concurrents en dessous du coût de production. Les lourdes pertes liées aux activités internationales et au fiasco du chantier nucléaire de Flamanville, qui plombent également les comptes d’EDF, sont soigneusement passées sous silence.
Dette d’EDF à ce jour : 43 Milliards ; Coût estimé en 2014/2015 du grand carénage : 55 Milliards selon EDF, 80 Milliards € selon la Cour des Comptes.
Cette situation financière a comme conséquence une dégradation continue des conditions de travail, un appel de plus en plus important à la sous-traitance avec des conditions de travail inacceptables. Sur le chantier de Flamanville on retrouve plus de 300 entreprises en sous-traitance, plus de 25 langues différentes qui sont un obstacle à la communication indispensable à la liaison des divers corps de métiers. Cette situation de dégradation des conditions de travail ouvre également le risque de l’accident. L’Autorité de Sûreté Nucléaire a pointé « le manque de rigueur systémique » en 2019 à Golfech mais aussi régulièrement dans de nombreuses centrales.
A l’instar des exemples souvent évoqués, comme la ventes des autoroutes ou de l’Aéroport de Paris, le projet Hercule vise à nationaliser les pertes que seront le démantèlement des 58 réacteurs nucléaires et la gestion des déchets radioactifs et vise aussi à privatiser les ENR (Marché 2020 éolien EDF 40 € le MW. Marché photovoltaïque 30 € le MW en Espagne).
La sobriété comme pierre angulaire
Il est plus que temps de définir ensemble notre avenir énergétique commun dans le cadre de la transition énergétique. Les activités appelées à se développer : les énergies renouvelables et les réseaux de distribution. L’option consiste à reconstruire un véritable service public de l’énergie et de l’électricité, décidé sous contrôle citoyen. C’est la seule voie permettant d’engager les investissements massifs que requiert la transition énergétique, que l’on choisisse ou non de sortir du nucléaire. Nous pensons qu’une véritable politique énergétique globale, dont l’électricité est une composante, doit être discutée maintenant avec la sobriété comme pierre angulaire. Alors n’attendons plus, mettons nous autour de la table et travaillons à définir notre avenir énergétique public, social, solidaire et respectueux de notre environnement.