Le grand carénage a préparé le naufrage atomique
Texte établi, sur proposition de Monique Guittenit, par Marc Saint Aroman
– I – Un nucléaire développé sur des dissimulations, des mensonges et des manipulations
– 1 – 1 – « La Farce cachée du nucléaire » sous le boisseau :
Il y a cinq ans nous établissions, dans ce journal de Stop Golfech, un document sous le titre : « Pourquoi l’interdiction du grand carénage doit être imposée à EDF »(1). Ce travail, à la lecture pénible, s’appuyait sur des documents des opérateurs du nucléaire, de l’autorité de sûreté nucléaire américaine et française. A ces données s’en rajoutaient d’autres, incroyables, tirées du travail de « Nozomi Shihiro » : « La Farce cachée du nucléaire ».
C’est grâce à ce document déclaré antinucléaire pour le discréditer, qu’un nombre limité de citoyens a pu découvrir l’état de délabrement du parc atomique français, avec entre autres choses, les expositions des riverains à des radiations mortelles suite à la survenue d’une catastrophe atomique. Ces documents internes à EDF dévoilés, étaient évidemment cachés au public. Dans le même temps EDF clamait et clame mensongèrement, à longueur de documents de propagande, sa transparence.
Pas un seul média invité aux conférences de presse organisées pour annoncer la sortie de ce document majeur ne s’est déplacé.
Heureusement, dans le Tarn et Garonne, « Radio Totem » a sauvé l’honneur journalistique en réalisant une interview en direct sur ce livre ! (2)
A travers notre texte critique sur le grand carénage, nous avions tenté de remettre en lumière les nombreuses failles inhérentes aux réacteurs nucléaires qui étaient soigneusement cachées tant au public qu’aux décideurs et aux édiles qui ne forçaient pas beaucoup pour approcher une vérité susceptible de remettre en cause de substantielles rentrées d’argent… élus aveuglés plus que jamais, sur toute la France, par la perspective de s’accaparer l’arlésien EPR.
La part la plus importante des menaces nucléaires provient du vieillissement généralisé de tous les matériels : le remplacements de quelques tronçons de tuyaux ou la mise en place de rustines ne changeront rien à une déstructuration complète de chacun des éléments constituant les réacteurs.
Une autre menace provient de la forte manipulation d’une société connectée ou les décideurs peuvent, en quelques secondes, vendre à travers le monde l’illusion de miracles techniques qui règlent par enchantement tous les problèmes aussi insurmontables soient-ils : ils maintiennent des millions de personnes dans une ignorance crasse qui les laissera passifs face à des menaces contre lesquelles ils se seraient révoltés s’ils en avaient eu connaissance. Ce n’est bien sûr qu’une hypothèse puisqu’on voit comment la colère des japonais est étouffée par un gouvernement qui a fait le choix de relance de l’atome nippon.
– 1 – 2 – Sur la dissimulation et le mensonge
– 1- 2 – 1 – La catastrophe de Fukushima atteignit des sommets de mensonges grâce à une stratégie bien élaborée depuis des décennies par les tenants de l’atome : alors que le monde entier avait pu voir exploser en direct les réacteurs du site, alors que, seulement quelques heures plus tard, à plus de 200 km de la centrale, le niveau des radiations par m3 d’air étaient mesurés à plusieurs milliers de becquerels, les dirigeant rassuraient en affirmant que rien de grave ne s’était produit !… Pourtant, quiconque avec un peu de bon sens pouvait affirmer sans possibilité d’erreur, que l’on était sur un niveau équivalent de niveau à celui de la catastrophe de Tchernobyl.
Si parfois des vérités très importante échappent à la vigilance des chiens de garde de la doxa, ces derniers les classent aussitôt « Fausses nouvelles » et les propagateurs sont poursuivis comme des malfrats. Dans le domaine militaire, parmi ceux qui ont payé le prix d’une des persécution les plus élevées, nous citerons Julian Assange.
Dans tous les cas, un énorme merci à toutes celles et ceux qui ont eu, et ont toujours, le courage de mettre leur tranquillité et même parfois leurs vies en jeu pour lancer des alertes sur des données ou des évènements inacceptables, bien camouflés, dont ils ont eu connaissance.
– 1- 2 – 2 – Dans les exemples dramatiques de cette vaste et criminelle manipulation (1) -(voir § 8) et de ces mensonges éhontés on trouvera des médias serviles qui répèteront, à longueur d’informations, que le nucléaire est sûr, que le nucléaire propre.
La plus grotesque des manipulations d’EDF consiste à faire pénétrer dans la tête des citoyens le fait que, contrairement à toutes les lois de la physique, avec le vieillissement des installations nucléaires, quelques rapiéçages et rafistolages plus loin, les installations seront sûres comme jamais.
En fin de ce document, nous allons reprendre quelques évolutions sur la réalité de la dégradation technique du parc atomique déjà évoquée en 2020 qui étaient prévisibles en y rajoutant quelques sombres constats : aucun responsable alerté à l’époque, pour le peu qui ont bien voulu jeter un œil distrait sur nos dénonciations, n’a mené la moindre action pour vérifier la sévérité de la situation et ont feint d’ignorer cette déroute annoncée : ils continuent de nous mentir et peut-être même de se mentir à eux-mêmes… après tout ils doivent juger que ce ne sont que des légendes vendues par quelques antinucléaires obscurantistes.
Cinq longues années d’irradiations supplémentaires, quelques milliards de milliards de neutrons pénétrants toujours plus profondément dans les matériaux qui les rendent à leur tour émetteurs de radioactivité en les activant, une multiplication de la dispersion de radioéléments dans la nature ont encore aggravé une situation inacceptable… mais les dirigeants de nombreux pays poursuivent tranquillement leur trajectoire atomique mortifère… quitte à s’asseoir sur l’opposition massive au nucléaire de leur population comme le fait aujourd’hui l’Italie : malgré le rejet massif de l’énergie nucléaire par la population exprimée à travers deux référendum, un en 1987 et l’autre en 2011 : ce dernier vote a vu 94 % des votants exprimé dire non !…
– 1 – 2 – 3 – Des montagnes de documents d’EDF pour mieux cacher la gravité des problèmes
Comme pour toutes les centrales nucléaires de France, EDF se conformant à la loi, réalise un document annuel qui fait la synthèse du fonctionnement pour l’année passée. Cette pièce fournie avec un grand retard, comporte environ mille pages qui font le point sur le fonctionnement de la centrale ainsi que le bilan de ses rejets chimiques radioactifs et de son impact environnemental. Jamais rien en temps réel sur les rejets accidentels qui font que, sous les vents dominants, les personnes devraient rester un moment à l’abri. Rien non plus quand la Garonne reçoit trop de radioactivité ou de chimie de la centrale. Les personnes en aval informées pourraient s’abstenir momentanément de prendre un bain qui serait remplacé par une simple douche ou boirait une eau en bouteille plutôt que celle de la Garonne contaminée. Il faut se remémorer que le Réseau Sortir du nucléaire, en relation avec les associations locales, ont réussi à faire condamner par deux fois EDF Golfech : une fois pour un rejet dans la nappe phréatique, une autre fois pour un rejet interdit dans l’atmosphère.(3)
Les autorité ont définitivement tranché unilatéralement : pas d’information anxiogène vers les citoyens car les dégâts potentiels causés par expositions aux radiations et aux autres toxiques seront toujours moins importants que ceux engendrés par l’inquiétude.
Les volumineux dossiers évoquent les déchets générés. Des pages et des pages de données et de tableaux sans fin pour mieux enfouir les « évènements » les plus graves qui se sont produits ou camoufler les déchets éternels les plus terribles : des données non produites équivalent à pas de déchets.
La lecture de ces documents nous a cependant permis de faire quelques découvertes étonnantes comme celle du changement discret de l’émissaire de rejet du tritium : ce radioélément, hydrogène radioactif à la demi-vie de 12 ans, est généré en quantité industrielle par le fonctionnement de la centrale. De l ‘aveu même d’EDF, ce tritium ne peut être ni éliminé ni stocké et il est donc simplement rejeté dans l’atmosphère. Il a été discrètement transféré de l’atmosphère vers la Garonne. Cette mesure majeure, que nous découvrîmes plus tard étendue à tous les réacteurs français, ne reçu aucun écho, même pas des élus locaux qui n’ont rien dit ! Quelle fût la cause de ce rabattage ? Découverte de problèmes tels qu’une épidémie de maladies respiratoires chez les personnes vivants sous les vents dominants ? Dans tous les cas une opération technique de grande ampleur fût mise en place avec forcément l’aval du gendarme du nucléaire discret, toujours à grands frais et avec une grande complexité technique, mais, comme à l’accoutumé, à l’insu des personnes concernées.
A partir de ce moment là, apparaît une terrible nouvelle : la fameuse affaire du doublement des leucémies infantiles dans un rayon de cinq kilomètres autour des installations nucléaires françaises(4)… une coïncidence improbable !… |
– 1 – 3 – EDF infantilise son financeur pour mieux le piller
EDF nous a expliqué que son « grand carénage » avait pour but de faire passer la durée de fonctionnement de ses réacteurs de 40 ans à 60 ans.
La simple observation des faits permettait de s’apercevoir que le réacteur n°1 de Golfech, par exemple, qui effectuait son « grand carénage » en octobre 2023, avec ses travaux de maintenance gigantesques, alors que son réacteur n’avait fonctionné que… 33 ans au lieu des 40 évoqués : la vérité à ne surtout pas dire était qu’il était tellement dégradé qu’il ne pouvait simplement plus continuer à fonctionner.
Ce mensonge nous remet en mémoire le problème des énormes couvercles de cuves qui devaient fonctionner 25/ 30 ans sans problème et qui ont dû être changés sur tous les réacteurs français après seulement quelques années de fonctionnement. – 12 ans pour Golfech 2 ! –
Ces coûteux remplacements de composants lourds, le furent suite à une surestimation de la capacité de résistance de leur métal de protection (l’Inconel 600).
Contaminés par les radioéléments et activés par les neutrons du cœur, ils sont devenus des déchets radioactifs très dangereux pour des temps immémoriaux : il n’est pas question ici d’un petit bout de ferraille, mais bien de 3 400 tonnes de matière très irradiante et contaminante retirées du « parc » français.
On notera au passage la faute grossière d’EDF qui stocka à Golfech ces énormes couvercles, aux quatre vents après leur retraits des réacteurs. Ils dispersèrent leur radioactivité dans la nature .
Aucun compte ne fût tenu par EDF d’une expérience similaire advenue quelques années auparavant, avec une large contamination environnementale par ses énormes vieux générateurs de vapeur qui avaient été simplement déposés en extérieur sans protection.
– 1 – 4 – Les manœuvres d’EDF pour prolonger ses réacteurs au-delà de la raison
Selon leurs concepteurs, les réacteurs nucléaires étaient prévus pour un fonctionnement, avec des coefficients de sécurité appropriés, de 25 à 30 ans (1) ( p3).
Aujourd’hui le « parc » atomique français vient de dépasser 40 ans de moyenne d’âge, soit de 20 à 60 % de temps supplémentaires par rapport aux prévisions.
EDF use et abuse de propagande pour vendre le contraire de ce qui est et affirme que le « grand carénage » effectué sur le réacteur n° 1 et en cours de démarrage sur le réacteur n°2 de la centrale de Golfech permettra de disposer de réacteurs sûrs et fiables pour une nouvelle longue durée de fonctionnement…
Récemment, même la Commission Locale d’Information rajoutait son couplet flatteur : «Depuis 2022, la sûreté de la centrale nucléaire de Golfech s’améliore de manière générale ».
Pour étayer cette illusion, les documents de l’électricien montrent des images idylliques de l’intérieur de la centrale. Revenons à la dure réalité en nous remémorant les propos d’un des lanceurs d’alerte évoqué plus haut : Laurent Dubost était agent EDF en 2011, il travaillait à la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire et déclarait : « … Une multitude de problèmes perdurent depuis des années. Des matériels ne sont pas réparés, des révisions sont reportées d’un arrêt de tranche au suivant.
Pourtant, dans le même temps, des sommes colossales sont dépensées pour tout repeindre du sol au plafond, y compris les tuyauteries percées par la rouille, les pompes en panne, les vannes qui n’ont pas été révisées depuis dix ans... » (5)
– II – Des choix qui on déjà conduit au désastre financier
– 2 – 1 – Toute la production d’électricité française dans le même panier atomique
« Errare humanum est, perseverare diabolicum »
L’évidence de la stupidité, pour une nation, de miser sur une seule source énorme de production électrique n’échapperait à personne sauf à nos crânes d’œufs français… qui persistent encore aujourd’hui dans cette voie.
En plus de l’exposition chronique et massive des populations aux rejets chimiques radioactifs des installations nucléaires, en plus de l’épée de Damoclès de la survenue d’une catastrophe, il y a la menace permanente d’un arrêt total de la production puisque 56 de nos réacteurs atomiques en fonctionnement sont de la même conception.
L’ancien directeur de l’Autorité de Sûreté nucléaire, André-Claude Lacoste énonçait, devant l’Assemblée Nationale, le 13 mai 2003, cette évidence du risque de découverte d’un problème majeur qui toucherait tous les réacteurs, et à ce moment là disait-il :
« Monsieur le Premier Ministre, vous avez le choix entre deux décisions possibles : première version, on coupe l’électricité ; deuxième version, on continue à faire fonctionner le parc nucléaire d’EDF dans un mode dégradé. ». Ce n’est vraiment pas le genre de circonstances dans lesquelles je souhaite que moi-même ou mon successeur, nous nous trouvions. » (6) |
C’est donc un de ses successeurs, Bernard Doroszczuk, au milieu de son mandat, qui a hérité du fardeau évoqué de la découverte d’un problème généralisé de fissures sur une branche du circuit primaire impossible à isoler en cas de fuite.
A la fin de l’année 2021 et au début de l’année 2022, EDF a découvert une « anomalie rare » sur le parc nucléaire français qui a également affecté le parc mondial sur ce type de réacteurs.
Selon la Sfen : «Il s’agit d’un phénomène de corrosion sous contrainte (CSC) observé sur des tuyauteries en acier inoxydable du circuit d’injection de sécurité (RIS) de plusieurs réacteurs, une localisation où il n’était pas attendu. » (7)
Dit autrement, il s’agit d’un phénomène connu, mais imprévu à cet endroit, qui conduit à une rupture du circuit primaire. Cette rupture oblige à injecter en urgence de grosses quantités d’eau sous pression dans le cœur du réacteur pour assurer son refroidissement et éviter sa fusion : hélas ! c’est justement le circuit qui sert à assurer cette injection qui est sectionné. On se retrouverait donc avec un tuyau primaire en train de fuir du liquide primaire hautement radioactif dans l’enceinte de confinement pendant que, à quelques centimètres, une arrivée d’eau d’injection partirait également dans l’enceinte au lieu de rentrer dans le cœur pour le refroidir. Suite à cette impossibilité d’assurer le refroidissement du cœur surviendrait une catastrophe nucléaire. |
Note : avec le vieillissement, les cuves contenant le cœur ont perdu de leur élasticité : il leur faut donc recevoir une eau chaude en cas de nécessité de son injection suite à une fuite primaire. Cette eau chaude doit être maintenue à température élevée en permanence – sinon, l’injection d’une eau froide pourrait briser la cuve comme du verre suite au choc thermique.
De tous ces problèmes :
A l’approche de l’hiver, 32 de nos 56 plus récents réacteurs ont été déconnectés du réseau électrique. La production électrique a reculé de 30 % par rapport à la moyenne de ces 20 dernières années (8) |
Comble d’ironie pour des français médisants sur l’arrêt du nucléaire allemand, en plein hiver, c’est essentiellement l’électricité renouvelable allemande qui a sauvé la France de son black-out atomique avec près de 30 milliards de kWh importé ! (9)
– 2 – 2 – Des élus aveuglés par l’argent de l’atome ?
D’après EDF, en 2023, les centrales ont contribué « à la fiscalité locale à hauteur de » : – 49 M€ pour Belleville – 50 M€ pour Golfech – 57 M€ pour Le Blayais – 60 M€ pour Dampierre en Burly – 68,7 M€ pour Saint-Alban – 93,7 M€ pour Paluel – 98,9 M€ pour Gravelines : … ces chiffres ont des ordres de grandeur suffisamment importants pour aider les élus, les acteurs locaux et même certains riverains des centrales à intégrer et accepter les « aspérités » atomiques.
Depuis des années, nous disposons des preuves des dissimulations et des mensonges d’EDF. Les politiques probablement mieux informés que les citoyens, ne se sentent-ils pas redevables d’une transmission des failles des installations nucléaires vers leurs électeurs alors qu’eux mêmes et leurs familles vivent dans cette barque atomique pourrie…
On nous objectera qu’ils seront les premiers informés d’un problème survenant sur la centrale, et qu’un bon nombre d’entre eux se sauveront avec leurs proches… ils ont peut-être même déjà leurs valises prêtes.
Note : le rédacteur ne peut s’empêcher de citer l’affaire du déraillement de trois wagons de transport de déchets radioactifs à Perl-Apach en 1997. Les autorités cherchaient, en vain, le maire pour organiser le plan d’urgence : informé de l’accident, le maire s’était confiné chez lui…
Mais puisqu’il y a forcément quelques politiques objectifs et honnêtes, comment vivent-ils cette situation cornélienne ?
Les militants de Stop Golfech se remémorent une réunion avec le maire de Golfech, Alexis Calafat, président de la commission locale d’information de Golfech à l’époque : nous lui faisions remarquer qu’il n’était pas normal de sa part de ne pas entendre nos alertes sur les problèmes graves qui étaient survenus sur la centrale : il nous répondit qu’EDF lui affirmait des choses et nous lui en présentions d’autres totalement opposées : de ce fait, il disait ne pas être en mesure d’évaluer la réalité.
Nous avons également une autre énorme interrogation : comment peut-on passer, comme le fit Jean-Michel Baylet, alors maire de Valence d’Agen en 1979, d’une situation d’opposition à la construction de la centrale nucléaire de Golfech à celle d’aujourd’hui de la demande de construction de deux nouveaux réacteurs EPR2 supplémentaires à Golfech ?
Cette opposition à la centrale avait conduit l’édile – comme de nombreux acteurs politiques et citoyens – à commettre un acte légitime mais illégal qui consistait à fissurer le dossier d’enquête publique sur la construction de cette centrale. Ce geste l’a conduit, comme tous les fissureurs, y compris la Présidente du Conseil Général du Tarn et Garonne, Madame Évelyne-Jean Baylet, à se retrouver embarqués au poste. .
– 2 – 3 – Le gouvernement persiste dans le pillage du contribuable
A Stop Golfech, sous le titre « L’aberration économique du nucléaire prise dans la tourmente d’une libéralisation du marché de l’électricité » (10) suite à une sollicitation d’un directeur consciencieux de l’ASN, Christophe Quintin, nous avions dénoncé le problème de la libéralisation du marché de l’électricité en 2003. Cet article est paru dans la revue « Contrôle » de l’Autorité de Sûreté Nucléaire en janvier 2003. Ce texte posait la catastrophe financière constituée par le choix nucléaire et du danger que faisait peser sur cette technologie la libéralisation du marché de l’électricité.
Financièrement EDF était récemment en faillite, comme son voisin anglais avec son géant nucléaire British Energy, qui fût privatisé en 1996. L’électricien anglais se retrouva ensuite à nouveau au bord de la faillite et, 6 ans plus tard, et il sera racheté par… EDF en septembre 2008 !
La suite inéluctable de la non production électrique de 2022, cumulée à des coûts énormes des travaux de rafistolage des réacteurs ainsi que les investissements sur les pétaudières anglaises ont engagé la renationalisation d’EDF en faillite… (11) Cette collectivisation des pertes en faveur d’EDF a été publiée au Journal officiel du 12 avril 2024 |
Note : Voilà donc une privatisation d’EDF affublée d’une sémantique peu ordinaire : « protéger le groupe Électricité de France d’un démembrement »
– III – Des années d’usure supplémentaires qui nous rapprochent de l’abîme
– 3 – 1 – De l’usure et du vieillissement des matériaux
Les travaux de Pierre Beslu (12) nous permettront d’effectuer une estimation de la quantité de métal arrachée aux couches internes du circuit primaire, quasi exclusivement le revêtement en acier inoxydable de Golfech n° 1. Nous arrivons, pour le seul « contenant » du circuit primaire, à :
8 tonnes de métal définitivement éliminé des surfaces internes depuis le démarrage de Golfech 1… |
Note de calcul de métal arraché :
– Calcul de la quantité de métal arraché à la structure interne du circuit primaire d’un :1 300 MWé type Golfech La surface interne du CP d’un réacteur de 900 MWé est de 22 500 m² pour un volume de 271 m3 Le volume d’un réacteur de 1300 MWé étant de 399 m3. Sa surface interne peut-être estimée à 33 127 m². Comme l’usure est estimée à 1 µm/an, on peut estimer le volume annuel corrodé dans un 1 300 MWé à : 33 127m² x 0,000001 m = 0,033127 A la situation aujourd’hui, avec 34 ans de fonctionnement depuis la première divergence, on obtient donc une corrosion de 0,033127 x 34 = 1,126 m3. Avec une densité de 7,33 g/cm3 pour l’acier primaire inoxydable 304, on obtient 7,33 T/m3 Sur les 34 ans de son fonctionnement le réacteur n°1 de la centrale de Golfech a donc vu 7,33 t x 1,126 m3 = 8 tonnes de son métal arraché par la corrosion. |
Note 1 : ce chiffre énorme est très certainement sous-estimé puisque nous sommes ici sur une base de fonctionnement idéale avec des conditions « normales » de variations de température, de teneur en chimie, de pression… ce qui n’a pas été le cas pour ce réacteur pas plus que pour aucun autre au monde.
Note 2 : pour ce qui concerne la partie extérieure du cœur, on a l’exemple de la terrible découverte, en 2002, d’un trou sur le couvercle de la cuve de Davis Besse. Ce trou a été provoqué par une fuite d’acide borique à travers les manchons traversants du couvercle qui a rongé l’acier. Il ne restait que 25 millimètres de métal…(13) ce qui aurait pu entrainer une brèche primaire avec une catastrophe atomique à la clé.
– 3 – 2 – Une attaque physique et chimique qui n’affecte pas que le contenant
Il est important de noter qu’une quantité bien supérieure aux 8 tonnes décrites au paragraphe précédent, provient de tous les éléments internes à la cuve ainsi que des gaines de combustible, des grappes de contrôle, des plaques de circulation d’eau et de leurs vis de fixation, les générateurs de vapeur jusqu’aux volutes des pompes, etc… Tous ces éléments subissent ces phénomènes de corrosion et perdent à leur tour leur métal à l’intérieur des circuits.
Ces matériaux dégradés peuvent être retirés et remplacés à grands frais financiers et coûts humains à travers une très importante contamination des travailleurs. De plus, ces éléments remplacés viennent encore grossir les stocks de déchets de haute activité.
Pour disposer d’un aperçu des problèmes affectant ces matériaux, nous nous appuierons à nouveau ici sur le document d’edp Sciences de Pierre Beslu.
Comment est-il possible que les éléments en circulation et déposés dans le circuit primaire disposent d’une activité telle qu’ils soient à l’origine de 85 % de la dose reçue par les travailleurs du nucléaire ?
Sur la source de la dose provoquée par ces éléments : Pierre Beslu indique que les gaines de combustibles ne relâchent que peu d’éléments dans le liquide primaire (voir note en fin de ce paragraphe*) : ce sont essentiellement les tubes des générateurs de vapeur, sans activité radioactive propre, qui relâchent ces éléments – des ions et des particules – dans le liquide du circuit primaire. C’est en fait, en circulant ou en stationnant près du cœur que ces éléments subissent les flux de neutrons qui les s’activent et provoquent des problèmes pour les travailleurs.
Sur les dégradations provoquées par ces éléments : ils se déposent en des lieux où ils « conduisent à terme à des formes de fissuration, traversantes pour certaines d’entre elles, et surtout à un affaiblissement notable de la tenue mécanique des tubes pouvant conduire au pire problème de sûreté constitué par leur rupture.«
Note *: cette affirmation, qui évoque une bonne tenue des gaines de combustible avec peu de relâchements d’activité reste à modérer suite à de nombreux retours d’expériences qui ont montré des accidents avec des rejets de radioactivité directement dans le circuit primaire. En dehors des accidents graves, le cas le plus important que nous ayons pu connaître concerne l’EPR de Taïchan, flambant neuf, avec sa vaste dispersion de radioactivité dans le circuit primaire. Un grand nombre de fissures et des ruptures de gaines étaient à l’origine de cette dispersion. Le réacteur a du être arrêté pendant plus d’un an. Les défauts graves sur les gaines seraient la conséquence d’erreurs de conception sur les circuits de circulation de liquide de refroidissement du cœur dans la cuve de l’EPR. (14)
Définition « officielle » de la corrosion sous contrainte – CSC –
Ce terme désigne le phénomène de fissuration d’un matériau sous l’action simultanée d’une contrainte et du milieu dans lequel elle s’exerce.
Le développement des fissures peut aller du percement à la rupture des pièces.
De nombreux paramètres jouent sur la sensibilité, l’amorçage et la propagation des fissures de cette corrosion sous contrainte. Les influences proviennent :
– de la contrainte elle-même : plus elle est élevée, plus le temps d’amorçage de la fissure sera court ; elle a un effet accélérateur. « Les plus grands dommages se produisent dans les derniers stades de la progression de la fissure, l’épaisseur saine diminue, la contrainte s’accroît jusqu’à ce que la rupture mécanique se produise. »
Les facteurs en cause sont :
– la température
– la teneur en hydrogène
– la composition chimique du milieu – etc…
Parmi les matériels affectés par la corrosion, nous évoquerons les générateurs de vapeur (GV) et, plus loin, les gaines de combustible.
Pour les générateurs de vapeur : un seul réacteur de Golfech de 1 300 Mwe contient 488 kilomètres de ces tubes dans ses 4 GV. Un seul de ces générateurs pèse 480 tonnes, un poids tel que, lors de son remplacement à Paluel, il a rompu ses éléments de transport (15) et a fortement dégradé le bâtiment réacteur dans sa chute.
La surveillance s’effectue à partir de calculs de taux de fuites entre les circuits primaires et secondaires. Quand la fuite apparaît, commence la contamination du circuit secondaire par la radioactivité.
Dans un premier stade les tubes fissurés sont obturés par des bouchons avec encore et toujours des expositions de travailleurs aux rayonnements ionisants.
Quand trop de tubes sont bouchés, la surface d’échange de chaleur diminuant, la puissance du réacteur baisse à son tour. Le remplacement des générateurs de vapeur devient alors indispensable. Pierre Beslu parle au sujet de ce remplacement d’une : « opération gigantesque, longue et coûteuse en argent et en exposition du personnel »
Note : enfin une attention pour les travailleurs de la part d’un spécialiste atomiste !…
Cela fait sans doute partie d’un des nombreux éléments qui ont motivé l’avertissement peu amène du CEA à l’endroit de Pierre Beslu en introduction de son livre : « certaines idées ou positions prises dans ce document sont celles de l’auteur et n’engagent que lui. Elles ne peuvent en aucun cas être imputées et encore moins reprochées au CEA même si l’auteur y a fait toute sa carrière et doit beaucoup à cette institution ». (Surligné par le rédacteur) Pitoyable réaction du CEA!
Pour ce qui est de l’énorme problème de corrosion des gaines de combustible, le fleuron de la technologie française, qui a bénéficié de décennies de retour d’expérience, se retrouve être une réalisation catastrophique !
En effet, l’EPR de Taïshan, affecté par ce problème, a été arrêté pendant plus d’une année suite à des ruptures de gaines du combustible. Mais à combien de dizaines de millions d’euros s’est élevée la facture payée par la France pour son énorme erreur en Chine ? Évidemment, toujours sans évoquer le prix en vie humaines des travailleurs et des riverains exposés aux retombées radioactives liées à ces problèmes.
Note : des deux paragraphes précédents nous ne pourrons vous donner aucune information sur la quantité de résines échangeuses d’ions hautement contaminées en radioactivité qu’il a fallu évacuer tout au long de la durée de fonctionnement d’un réacteur : en effet, les rapports annuels d’EDF ne mentionnent que quelques chiffres globaux sans classification des types de déchets radioactifs.
– 3 – 3 – Des menaces communes avec des spécificité pour chaque réacteur
Bien qu’identiques, chaque réacteur nucléaire dispose de ses propres caractéristiques liées aux matériaux locaux utilisés pour leur construction, à leur environnement physique, à la manière dont ils ont été pilotés. Pour l’environnement physique, on peut noter les caprices des éléments naturels proches comme les risques d’inondations, de séismes…
Tous les réacteurs constituent une épée de Damoclès sur la tête de larges populations.
Concernant le Centre Nucléaire de production d’Électricité de Golfech, même s’il est loin d’être le pire de France sur cet aspect, se caractérise par une plateforme située à seulement 25 cm au dessus du niveau de risque de la crue millénale, sur un fleuve qui connaît de fortes inondations et de fréquents étiages sévères. Pour cette centrale, les risques de rejets atmosphériques suite à la survenue d’une catastrophe nucléaire majeure ou à l’exposition chronique aux rejets chimiques et radioactifs, menacent les agglomérations de Toulouse, d’Agen et de Bordeaux situées sous les vents dominants. Pour les rejets dans la Garonne cette fois ce sont Agen et Bordeaux qui sont gravement impactés.
EDF continue la fuite en avant en construisant des protections plus mentales, à destination des populations, que d’une efficacité quelconque sur le terrain : on y retrouve pêle-mêle des digues anti-inondations, de nouvelles retenues d’eau pour les sècheresses… autant de gaspillages inefficaces devant l’accroissement de l’amplitude des aléas climatiques que le monde connaît aujourd’hui.
S’agissant des grosses manipulations mentales pour les riverains, celle de la baignade tranquille dans la Garonne en aval de Golfech vaut son pesant de radiations : Sous le titre « Garonne en Fête : baignade dans les rejets radioactifs de la centrale » les associations démontent, analyses à l’appui, le niveau de contamination des eaux de baignade (16) qui ne semblent pas émouvoir les élus.
Alors, au lieu de :
– se satisfaire d’avoir évité, de peu parfois, la catastrophe majeure durant un nombre d’années qui a déjà largement dépassé
celui prévu par les anciens savants concepteurs,
– de mesurer que la France a, pour sa part, connu 2 accidents graves classés de niveau 4 sur 7 sur l ‘échelle internationale INES à Saint-Laurent dans les années quatre-vingt,
– de penser que nos réacteurs sont basés sur une technologie de conception des années 1960 obsolète,
– d’observer que les tentatives d’améliorations technologiques réalisées dans les années 80 sur les nouvelles installations s’avèrent être un échec,
– d’arrêter une technologie qui, à travers son fonctionnement, contamine massivement en chaleur, en chimie, et en radioactivité toute sa chaîne de production,
– d’observer les menaces qui pèsent sur les sites de la chaîne nucléaire à travers les conflits tels ceux qui sévissent actuellement entre la Russie et l’Ukraine ou des belligérants prennent les centrales atomiques pour cibles,
– d’analyser la situation au Niger qui montre que nos sources d’approvisionnement en uranium font l’objet d’une nouvelle guerre… et continuer de rêver à une stabilité d’un nouvel approvisionnement de la France en Ouzbékistan,…
EDF, qui peut-être s’en passerait, sous la pression de politiques ignorants quasiment tout de la question nucléaire – aveuglés par son mythe – poussent à la poursuite de l’aventure mortifère. L’électricien a eu des dirigeants qui ont facilement mesuré l’aberration de l’électricité toute atomique et surtout de l’absurdité du choix de l’EPR mais ils ont continué la fuite en avant : POURQUOI ?
François Roussely, à la tête d’EDF de 1998 à 2004 n’aurait pas été partisan de la construction de l’EPR, mais, haut fonctionnaire obéissant, il aurait cédé. Plus tard, son successeur, Henri Proglio a attendu 8 ans pour reconnaître le fiasco de l’EPR : ce fût le 13 décembre 2022 lors d’une audition devant l’assemblée nationale : il déclarait « L’EPR, un engin trop complexe, quasi inconstructible » (17)
Découvrait-il, avec les valets de l’atome de tous ordres, la débâcle ? La vérité la plus probable serait qu’il a délibérément validé ce fiasco du temps de sa présidence.
Plus généralement, au niveau mondial, on retrouve les même schémas d’ignorance et d’incompétence des politiques en matière nucléaire, en dehors peut-être d’Angela Merkel : en effet, en 2011, 4 jours seulement après la survenue de la catastrophe de Fukushima, elle a fermé définitivement le plus vieux réacteur allemand qui avait 35 ans de fonctionnement : le réacteur numéro 1 de la centrale de Neckarwestheim. Elle ferma ensuite six autres pour effectuer “un contrôle de sûreté”, et, aujourd’hui il n’y a plus un seul réacteur atomique en service en Allemagne…(18)
Malgré la volonté de quelques politiques d’un renouveau de l’atome dans le pays, les puissants énergéticiens allemands sont unanimes : ils ne veulent pas rallumer leurs centrales nucléaires en cours de démantèlement et encore moins investir dans de nouveaux réacteurs, qu’ils jugent trop chers et pas assez compétitifs (19)
Toujours en Allemagne, on peut également se remémorer ce que déclarait David Dornbush, un des anciens patrons de Siemens :« le nucléaire représente 5 % de notre chiffre d’affaires et 95% de nos soucis ». (20)
– 3 – 4 – Exemple d’une de ces grosses dégradation pour le réacteur n°2 de Golfech
Sur l’aspect de la limitation de la durée de fonctionnement des réacteurs liée à des dépassements importants des contraintes évoquées au paragraphe précédent, voici un exemple significatif : le Réseau Sortir du nucléaire fût informé par un appel téléphonique d’un riverain, le 11 octobre 2019 au matin, qu’un problème grave était survenu sur le réacteur n°2 de Golfech.(21) : sur ce lien, vous pourrez lire les analyses associatives, d’EDF et de l’ASN.
Note : sur le déroulé de l’accident, alors que tout est normalement minutieusement enregistré et noté à la seconde près en matière de problèmes atomiques par les électriciens et les autorités de sûreté au niveau mondial, en dehors de quelques pays comme la Chine, la Corée du Nord, la Russie… nous n’aurons rien ici de ce minutage caché.
Ce même 11 octobre à 17 h, EDF informait du problème via un communiqué : il confirmait l ‘information obtenue par l’association sur ce problème survenu 3 jours plus tôt ! .
L’électricien nous indique qu’un « salarié » est responsable de la faute lourde qui a conduit à l’accident. Pourtant, le sachant, binôme qui l’accompagnait, aurait lui-même été interrompu dans sa mission pour aider d’autres… travailleurs : il a du quitter le cours de l’exécution de son travail pour indiquer le chemin à ces autres travailleurs afin qu’ils puissent se rendre à leur poste d’intervention : on parlerait probablement ici de l’équivalent de six étages à monter et descendre…
Cet accident nous permet de poser toute l’immense chaîne réelle de responsabilités qui a mené à cette situation : de notre point de vue, par ceux qui ont conçu d’énormes machines infernales qui exposent les travailleurs à des conditions de travail inhumaines : – chaleur, radiations, flicage de chacun de leurs actes, pression psychologique extrême…
Durant 8 h, les opérateurs en salle de commande auraient été totalement ignorants de la réalité de l’état du réacteur et, en particulier le plus grave, celui de son cœur. A partir d’un moment que nous ignorons, tous les capteurs indiquaient en effet des valeurs aberrantes puisqu’ils se trouvaient à fonctionner dans des domaines pour lesquels ils n’avaient pas été conçus.
La tentative de résolution du problème a entrainé une nouvelle grave erreur de commande à travers l’ouverture de la vanne de vidange du pressuriseur qui a entrainé elle-même un nouveau grave problème : l’ASN écrit : « Cette ouverture a entraîné des mouvements d’eau non maîtrisés dans le circuit primaire et une chute du niveau d’eau. » : une des 4 voies d’alimentation du cœur, celle comportant le pressuriseur, a envoyé une eau trop froide sur un cœur trop chaud : la même conduite, d’environ 80 cm de diamètre a vu l’eau descendre vers le cœur et, dans le même temps, la vapeur remonter et cette eau dans le même tuyau : ce choc thermique n’a pu que provoquer de fortes vibrations accompagnées de forts bruits : suite au mutisme d’EDF et de l’autorité de sûreté nucléaire nous ne le saurons pas mais ce qui est sûr c’est que le réacteur n°2 a subit de très fortes contraintes. De ce fait, EDF a dû remplacer un certain nombre de matériels importants du circuit primaire qui pouvaient l’être. Pour ce qui est de la cuve, et une très grande partie du circuit primaire, réputées irremplaçables, elle se sont retrouvées dans des conditions de contraintes qui les ont conduit à une confiscation d’un nombre important d’heures de fonctionnement du réacteur : EDF, qui le chiffre peut-être déjà, doit placer ces données dans l’historique qui doit impérativement être rendu public.
– 3 – 5 – De l’obligatoire « carnet de santé » public spécifique à chaque réacteur
– Pour les réacteurs, en dehors des fortes agressions de la chimie, de la radioactivité et des hautes températures communes à tous les réacteurs, dites de fonctionnement normal, un bon nombre de situations ont amené quasiment tous ces réacteurs à être confrontés, à un moment de leur fonctionnement, à des contraintes supérieures à celles pour lesquelles ils étaient conçus, comme vu dans l’exemple pris dans le paragraphe précédent : de fait, ils ont été irrémédiablement dégradé.
Comme déjà noté plusieurs fois dans le journal « Stop Golfech », depuis des années, les riverains et tous les citoyens étant concernés par la survenue d’un accident majeur, doivent être informés des faiblesses qui touchent chacun de leur réacteur et du niveau de la menace qu’elles représentent pour eux. Puisque les opérateurs, avec la complicité des politiques et peut-être même sous leur pression, poussent les réacteurs au-delà de leurs limites techniques, nous devons exiger et obtenir le « certificat de santé » dont EDF dispose pour chaque réacteur de chaque site en activité : les français sauraient enfin, par exemple, combien d’accélération et de diminution de puissance trop rapides ont été imposées, en dehors des glissières règlementaires, et ont fait vieillir les réacteurs à un niveau ou leur mise à l’arrêt devient impérative. Lors d’une réunion de commission locale d’information à Golfech, un représentant de l’ASN, interrogé par les Amis de la Terre Midi-Pyrénées sur le nombre d’heures de fonctionnement dont avait été grevé un réacteur réacteur victime d’une avarie importante, a répondu… ne pas savoir. Dans les données seraient également répertoriées l’historique de toutes les erreurs de conduite qui ont irréversiblement affectés les circuits.
– 3 – 6 – Mais comment surviennent les catastrophes ?
Pour répondre à cette question nous avons consulté un document réalisé par le Centre National de Prévention et de Protection en collaboration avec « l’Association Française de NORmalisation », extrait :
« Bhopal, Mexico, Tchernobyl, navette Challenger… Quel point commun peut-on trouver à cette série d’accidents survenus pour la plupart sur une période deux ans ?
Il sont de nature différente et concernent des activités très diverses, mais ils ont tous, à un moment donné une action humaine négative comme origine. A la suite d’une longue période sans accident, une sorte de relâchement de l’attention s’est installée que l’on retrouve, du reste, lors du naufrage du ferry… à Ostende.
Le relâchement se traduit par des économies décidées unilatéralement, par des négligences dans l’application des procédures, par des défauts ou des simplifications lors d’opération de maintenance et d’entretien.
Il est d’autant plus difficile à contrôler que la vie quotidienne, accaparant l’attention de chacun, change l’ordre des urgences, fait que l’on pare souvent au plus pressé , conduit à négliger ce qui n’est pas urgent »… (Les accidents technologiques CNPP AFNOR). Cela nous ramène aux années quatre vingt, quand la CGT avait en filigrane dans son slogan « donnez nous les moyens et nous vous ferons un bon nucléaire ».
– 3 – 7 – A quel seuil d’atteinte à la vie des activité industrielles deviennent-elles interdites ?
- Les assurances sont exonérées mondialement de la protection du risque atomique :
– le ton de l’ouverture d’une voie royale à l’atome était donné à travers la première convention internationale de Paris du 29 juillet 1960 sur la responsabilité civile dans le domaine de l’énergie nucléaire. Voici l’exposé des motifs qui en dit long :
« un régime spécial de responsabilité civile nucléaire s’impose car le droit commun n’est pas adapté aux problèmes particuliers dans ce domaine. En effet, si l’on appliquait le droit commun, diverses personnes seraient susceptibles d’être tenues responsables des dommages causés par un accident nucléaire et les victimes rencontreraient vraisemblablement de sérieuses difficultés pour déterminer laquelle est en fait responsable. En outre, celle-ci serait responsable de façon illimitée sans pouvoir être totalement couverte par une assurance. L’objectif primordial de ce régime spécial est d’assurer une réparation adéquate des dommages causés aux personnes et aux biens par un accident nucléaire.
Cependant, les exploitants d’installations nucléaires ne devraient pas être soumis à une responsabilité d’un poids excessif. De même, tous ceux qui sont associés à la construction ou à l’exploitation d’installations nucléaires (tels que les constructeurs ou les fournisseurs), devraient être déchargés de leur responsabilité. »
- Des atteintes à l’environnement sans fin :
Suite à un accident nucléaire les atteintes à l’environnement deviennent définitives via la dispersion de radioéléments aux demi-vies sans fin. Même s’il existe quelques contre exemples de tests grandeur nature bactériologiques comme celui du charbon, dit anthrax aujourd’hui, sur l’ile Gruinard en Ecosse (22) ou chimiques avec la catastrophe de Bhopal, ces lieux hautement contaminés peuvent redevenir habitables après des temps plus ou moins longs.
- Plus de mille radioéléments artificiels créés dans le cœur d’un réacteur du nucléaire propre :
L’Association Internationale pour la Protection contre les Rayons Ionisants, l’AIPRI, a établi un tableau (23) qui permet, à ceux qui le souhaitent, de calculer l’inventaire et la décroissance de 708 des quelque 1000 produits de fission fabriqués dans un réacteur atomique.
- D’immenses zones rendues inhabitables suite aux évasions des radioéléments :
après la survenue d’une catastrophe nucléaire, Paolo Sacmpa de l’AIPRI nous indique qu’il y a deux façons de définir une zone interdite selon l »ICRP :
– la première par la dose gamma à un mètre du sol qui ne doit pas dépasser 20 mSv/an sur 5 an ou 100 mSv sur un an. Mais la dose gamma n’est pas tout
– la seconde est constituée par la contamination du sol qui n’est pas moins dangereuse si l’on tient aussi compte des risques de contamination interne. Cette contamination passe par la nourriture, la boisson et la respiration. Elle se définit donc par excès au sol d’un des 6 radioéléments critiques, et seulement 6 ! Ce choix en radioprotection international limité est anormal, même si ces radioéléments sont les plus présents dans un combustible ils sont loin d’être les seuls.
L’excès pris en compte concerne donc le césium 137 fixant une évacuation des territoires au-delà de 15 Ci/km2, pour le strontium 90 à 3,5 Ci/km2. Au delà de 0,1 Ci Km2 pour les plutoniums : Pu238, 239 240 et aussi pour l’américium 241.
Paolo Scampa rajoute le Pu241 au-delà de 3,5 Ci/km2, niveau bien trop élevé puisque ce plutonium est le précurseur de l’Am241.
Note : pour la Biélorussie la dose annuelle externe maxi est 4 fois moindre que celle de l’ICRP. C’est 5 mSv/an chez eux et non pas 20.
- Quelques exemples concrets de menaces pour l’humanité :
– En terme de potentiel radiotoxique par inhalation le combustible d’une centrale suffit en théorie à emporter l’humanité. En terme de zone interdite par retombées au sol, il faut avec une dispersion parfaitement homogène le 1/260 des déchets mondiaux pour transformer la planète entière en zone interdite. (24)
– pour ce qui conerne l’EPR, à 1 600 Mwé cela donne 4 800 MwTh et à 6 millions de Ci par mégawattheures cela correspond à la bagatelle de 28,8 milliards de Curies ! »
Quelques personnes nous objectent qu’après Tchernobyl ou Fukushima, la vie règne toujours sur terre : effectivement, néanmoins des quantités d’activités radioactives mortelles restent toujours bien présentes aujourd’hui, concentrées dans de vastes zones terrestres et marines avec des conséquences délétères toujours bien présentes mais rarement identifiées et systématiquement impossibles à récupérer et isoler.
- Une atteinte au vivant au-delà de tout ce qui peut-être admis :
La dispersion des radioéléments issus de tous les domaines de l’activité atomique civilitaire ont impacté des millions de vies sur la planète, en particulier à travers des atteintes irréversibles au patrimoine génétique.
Nous sommes là dans un crime contre l’humanité par atteinte irréversible et définitive au patrimoine de millions d’être humains : là doit s’arrêter l’aventure criminelle de l’atome.
- Des territoires auraient du être définitivement abandonnés :
Les japonais, à Fukushima ont inauguré une méthode abjecte de suppression des aides aux personnes qui ne veulent pas revenir chez elles sur des territoires dits « décontaminés » suite à la catastrophe de Fukushima. La vie sur ces terres sans radia-mètre, n’est plus possible… comme si survivre dans un stress permanent en surveillant tout ce qui crépite était vivre.
- Une gestion par classes sociales :
Après cette catastrophe de Fukushima, on découvrit la caricature de ce qui peut se faire de plus immoral suite à une catastrophe atomique, une gestion monétisée des riverains : – les plus fortunés se sont expatriés vers des pays lointains, parmi eux certains se sont même offert une « station balnéaire de qualité Japonaise » en Inde. (25) et la ci-dessous. – les classes plus ou moins aisées, aux couples parfois binationaux , ont émigré vers le pays des conjoints, – les moins fortunés se sont éloignés vers des régions japonaises ou vivaient des proches. – les plus pauvres enfin ont été éloignés dans des bungalows à proximité de Fukushima et servent probablement de cobayes pour une science dont ils ne sauront jamais rien. |
Note** : les japonais risquent de devoir bientôt à nouveau s’exiler puisque l’Inde se lance dans une nouvelle course à une production électrique atomique.
Exonéré de ses devoirs d’indemnisation pour les risques parfaitement connus depuis le début de son développement, le seuil de danger évoqué en titre de ce chapitre est allègrement franchi par le nucléaire et nécessite une prise de conscience de l’humanité qui doit enfin arriver à imposer à ses « dirigeants », l’arrêt total.
3 – 8 – Qui sera déclaré responsable et coupable lors de la survenue d’une nouvelle catastrophe ?
Nous avons vu comment la responsabilité des décideurs ne devrait plus être balayée comme elle vient de l’être cyniquement, 5 jours avant le quatorzième anniversaire de la catastrophe de Fukushima, à travers l’abandon en cassation des poursuite vis-à-vis des responsables de Tepco. « La sous-cour a conclu que l’évaluation à long terme n’était pas étayée par des preuves généralement acceptées et que la fiabilité de l’évaluation de l’autorité nationale était faible, et que la décision du tribunal de deuxième instance selon laquelle les informations n’ont pas rendu les gens conscients de manière réaliste de la possibilité d’un tsunami ne pouvait pas être considérée comme manquant de caractère raisonnable. » :(26)
L’Ex-URSS a été plus expéditive : un an seulement après la survenue de la catastrophe de Tchernobyl, un tribunal soviétique condamnait l’ancien directeur général Anatoly Dyatlov, son ingénieur en chef Viktor Brukhanov et son adjoint Nikolai Fomin à dix ans de camp de travail en raison de leur négligence dans la gestion de la centrale. (27)
Pour le journaliste auteur de cette dépêche, cette sentence soulevait diverses questions éthiques sur la responsabilité lors d’accidents industriels majeurs : « jusqu’à quel point ces individus peuvent-ils être tenus responsables alors qu’ils étaient soumis aux ordres d’une hiérarchie stricte ? » Pour lui, cela ouvrait un débat sur la culture organisationnelle où le « silence » face aux problèmes devient fatal. Le journaliste faisait ensuite remarquer que le public qui avait vécu directement ou indirectement la catastrophe attendait avec impatience les témoignages et le verdict. « Le tribunal n’a pas seulement jugé ces hommes pour leurs actions mais également pour avoir ignoré les avertissements avant l’accident – un thème récurrent lorsque l’on parle de catastrophes industrielles. »
– IV – Une histoire du nucléaire civil et militaire jalonnée d’un nombre impressionnant d’assassinats, de maladies et de morts
Le coût le plus important du nucléaire n’est pas celui faramineux du remplacement de pièces gigantesques, ni celui catastrophique du stockage pour des siècles de ces matériels hautement radioactifs – du combustible usé et des éléments du circuit primaire – : c’est celui de la discrète exposition de dizaines de milliers de travailleurs aux radiations ionisantes !
Ceux-ci tombent malades et, pour le plus grand nombre d’entre eux, meurent de maladies professionnelles jamais répertoriées, jamais reconnues grâce à des connivences entre l’industrie atomique et le milieu médical.
La caricature de ce qui peut se faire de pire dans la rétention et la manipulation d’informations suite à cette collusion fût révélée à travers un document qui a fuité vers les Amis de la Terre Midi-Pyrénées, fin des années mille neuf cent quatre-vingt (28). Des pièces manuscrites du professeur Pellerin montraient qu’au lieu de faire de la médecine et de la science, le professeur se montrait plus que complaisant avec les atomistes tout en discréditant les mouvements antinucléaires.
Combien de dizaines de milliers de victimes tomberont encore avant que toutes les manipulations de ces crapules soient enfin révélées ?
– IV – 1 – De la morbidité et de la mortalité atomique
– 4 – 1 – 1 – des travailleurs victimes de l’atome :
- la plus grosse cohorte de victimes invisibles de l’atome…
Un nombre très important de personnes sont victimes de leur travail dans l’industrie nucléaire dite civile. Dans les travaux à très haute pénibilité et sous rayonnements on trouve les sous-traitants qui sont surreprésentés : ils représenteraient encore aujourd’hui encore 80 % de ces travailleurs.
Pour avoir un aperçu de ce que peuvent vivre ces sous-traitants du nucléaire, il faut aller faire une lecture sur le site « Ma Zone Contrôlée » (29).
Le sympathique et infatigable président de cette association, Giles Reynaud, s’est éteint en octobre 2024. (30) Il était venu plusieurs fois faire des conférences sur les travailleurs de l’atome dans le Sud-Ouest.
Nous avons pu rencontrer de ces travailleurs gravement affectés par leurs expositions professionnelles aux radiations : pour un nombre restreint d’entre eux, ils ont mené un double combat contre leur maladie et pour la reconnaissance de l’origine professionnelle de leur maladie ou pour faire reconnaître la faute inexcusable de leur employeur.
Nous citerons ici seulement deux cas :
Michel L., travailleur sous rayonnements à l’usine Comurhex de Malvezy pour le compte d’un sous-traitant, fût atteint par une leucémie reconnue en quelques mois comme maladie professionnelle par la sécurité sociale. Il a ensuite passé sa vie à se battre pour la reconnaissance de la responsabilité de son employeur dans la survenue de son problème de santé, employeur qui s’est, après condamnation en première instance, étrangement retrouvé exonéré de sa responsabilité.
Lors de la tombée du verdict des soutiens ont réagi. Parmi eux :Philippe Billard, syndicaliste et président de l’association « Santé Sous-traitance nucléaire chimie« . (31) déclara :
« De nombreux salariés de la sous-traitance ont attendu que la justice reconnaisse la responsabilité de ceux qui ont réduit l’espérance de vie en bonne santé de Michel. Une fois de plus, les vrais criminels ne sont pas reconnus pour les méfaits qu’ils causent. Nous continuerons, nous, salariés de la sous-traitance, à nous battre pour une pénalisation des employeurs », et il rajoutait : «Dans son dossier médical, auquel on lui refusait l’accès et qu’il a donc été contraint de voler, des analyses d’urine réalisées en 1983 révélaient un taux d’uranium jusqu’à dix fois supérieur à la norme ! »
Funeste retour de bâton, alors que ce médecin du travail qui avait caché le dossier médical de Michel L.
, ne recevait les travailleurs soumis aux radiations pour visite médicale que le lundi matin, quand ils arrivaient en habits civils à l’usine après un week-end loin des expositions, il est lui-même décédé de la même maladie que ceux qu’il se devait de protéger !
– Une autre personne a vue l’employeur de son conjoint quadragénaire, décédé d’une maladie classée sur la liste de celles liées aux expositions aux radiations, recevoir une offre d’aide financière substantielle – que nous avons pu lire – en échange de l’abandon de poursuites judiciaires éventuelles contre son employeur.
Comme écrit plus haut, le nombre de ces personnes affectées par l’industrie nucléaire civile et militaire se comptant en centaines de milliers, on mesure mieux le poids de l’alerte posé dans la presse le 25 février 2025 sous le titre : « Cancers professionnels : pourquoi c’est une « bombe » pour la Sécurité sociale ». (32) Le contenu de l’article montrait que l’essentiel des cancers professionnels et autres maladies du travail restaient massivement sous-déclarés. Selon le journaliste, cela faussait la répartition des coûts et aggravait le déficit de la Sécurité sociale. Ce document ne faisait bien sûr pas de référence au secteur nucléaire qui est de très loin le plus gros bénéficiaire de cette fraude.
Même si elle ne le fait pas aujourd’hui, il est évident que l’industrie nucléaire devra assumer sa charge sur les maladies professionnelles liées aux expositions de ses travailleurs. Le montant s’élèvera à plusieurs milliards d’euros annuels : comme les médecins ont obligation de déclaration de tout symptôme d’imprégnation toxique et de toute maladie, la suite logique des reconnaissances devrait finir par l’emporter et le plus tôt sera le mieux pour arrêter le massacre fomenté par le nucléaire propre.
Article L461-6 Version en vigueur depuis le 19 août 2015 Modifié par LOI n°2015-994 du 17 août 2015 – art. 26 En vue, tant de la prévention des maladies professionnelles que d’une meilleure connaissance de la pathologie professionnelle et de l’extension ou de la révision des tableaux, est obligatoire, pour tout docteur en médecine qui peut en connaître l’existence, notamment les médecins du travail, la déclaration de tout symptôme d’imprégnation toxique et de toute maladie, lorsqu’ils ont un caractère professionnel et figurent sur une liste établie par arrêté interministériel, après avis du Conseil d’orientation des conditions de travail. Il doit également déclarer tout symptôme et toute maladie non compris dans cette liste mais qui présentent, à son avis, un caractère professionnel. La déclaration prévue aux deux alinéas précédents est établie et transmise selon des modalités fixées par voie réglementaire. |
A noter que cette loi courait depuis 1993 : Loi nº 93-121 du 27 janvier 1993 art. 7 I Journal Officiel du 30 janvier 1993
- Une réglementation stricte mais inapplicable qui s’appuie sur des bases sanitaires approximatives
A travers ces données sanitaires, nous voyons comment une science dure, comme l’est la physique nucléaire, reste plus qu’approximative en matière d’application avec des fluctuations d’interprétation liées aux intérêts de la filière atomique. S’agissant de la protection de la santé des travailleurs de l’atome et des riverains des installations nucléaires, la situation est encore pire.
Bruno Chareyron physicien nucléaire, directeur du laboratoire de la CRII-RAD affirme : «Il n’existe pas, en matière d’exposition à la radioactivité, de seuil d’innocuité : toute dose augmente les risques. Il est donc toujours préférable de ne pas ajouter de radioactivité, même très faible, dans le domaine public. » (33)
Nous sommes bien loin ici de la propagande du Pr Pellerin évoquée plus haut
Quelques éléments concernant les travailleurs du nucléaire :(34)
– a – Sur les délimitations de leurs zones de travail :
- surveillée bleue : inférieure à 1,25 mSv intégrée sur un mois,
- contrôlée verte < à 4 mSv intégrée sur un mois,
- contrôlée jaune < à 2 mSv intégrée sur une heure,
- contrôlée orange < à 100 mSv sur une heure,
- contrôlée rouge > à 100 mSv intégrée sur une heure.
– b – Sur la protection des travailleurs contre les risques dus aux rayonnements ionisants :
Une loi très bien faite mais qui peut croire une seconde qu’elle est ou sera appliquée ?
– En situation d’urgence radiologique – la dose efficace totalisée sur la vie entière d’un travailleur intervenant ne dépasse en aucun cas 1 sievert – le niveau de référence est fixé à 100 millisieverts pour la dose efficace susceptible d’être reçue par un travailleur intervenant dans une telle situation – Dans des situations exceptionnelles, pour sauver des vies, empêcher de graves effets sanitaires radio-induits ou empêcher l’apparition de situations catastrophiques, le niveau de référence en situation d’urgence radiologique est fixé à 500 millisieverts, pour une dose efficace résultant d’une exposition externe.
– c – Des classements par catégories claires mais complexes à mettre en œuvre :
– En catégorie A, tout travailleur susceptible de recevoir, au cours de douze mois consécutifs, une dose efficace supérieure à 6 millisieverts ou une dose équivalente supérieure à 150 millisieverts pour la peau et les extrémités ;
– En catégorie B, tout autre travailleur susceptible de recevoir :
a) Une dose efficace supérieure à 1 millisievert ;
b) Une dose équivalente supérieure à 15 millisieverts pour le cristallin ou à 50 millisieverts pour la peau et les extrémités.
– d – un accès aux données excellent mais…
Quel travailleur, après des jours et des jours d’épuisement dans des travaux pénibles, avec cette fatigue décuplée par l’exposition aux radiations, aura le courage d’aller « accéder » à ses données dosimétriques ?
Sur les modalités d’accès aux données de la surveillance dosimétrique individuelle :
Le travailleur a accès à tous les résultats issus de la surveillance dosimétrique individuelle dont il fait l’objet ainsi qu’à la dose efficace le concernant. Il en demande communication au médecin du travail ou à l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire.
« Il peut également solliciter le conseiller en radioprotection pour ce qui concerne les résultats auxquels ce dernier a accès.
– e – sur les dépassements de valeurs limites
Lorsque l’un des résultats de la surveillance dosimétrique individuelle dépasse l’une des valeurs limites fixées, l’organisme de dosimétrie mentionné informe sans délai le médecin du travail, le conseiller en radioprotection, l’employeur et l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire de la dose reçue par le travailleur de manière nominative. Le médecin du travail informe, sans délai, l’employeur, le conseiller en radioprotection et l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire de la nature de l’exposition.
« II.-Dans les deux cas, le médecin du travail en informe également sans délai le travailleur concerné.
« Art. R. 4451-81.-Le travailleur concerné par le dépassement d’une des valeurs limites fixées aux articles R. 4451-6, R. 4451-7 et R. 4451-8 bénéficie, pendant les douze mois suivants le constat de ce dépassement, du suivi de l’état de santé applicable aux travailleurs classés en catégorie A.
« Section 10 – « Suivi de l’état de santé des travailleurs
« Sous-section 1 – « Modalités spécifiques du suivi individuel renforcé
Le dossier médical en santé de chaque travailleur est complété par une évaluation individuelle de l’exposition aux rayonnements ionisants transmise par l’employeur ; Les résultats du suivi dosimétrique individuel, ainsi que la dose efficace – Le cas échéant, les expositions ayant conduit à un dépassement des valeurs limites ainsi que la dose reçue au cours de ces expositions ;
Les résultats des examens complémentaires prescrits par le médecin du travail dans les conditions prévues -Le dossier médical en santé au travail de chaque travailleur est conservé jusqu’au moment où il a ou aurait atteint l’âge de soixante-quinze ans et, en tout état de cause, pendant une période d’au moins cinquante ans à compter de la fin de l’activité professionnelle impliquant une exposition aux rayonnements ionisants. (34)
Nous avons ici noté quelques éléments forts des textes de lois, d’une efficacité douteuse, pour le suivi et la protection de la santé des travailleurs sur le terrain. En effet, son application est trop complexe à mettre en œuvre devant la réalité industrielle atomique : elle constitue juste une loi hors sol à mettre sous cloche à l’entrée de l’usine atomique. Elle permet peut-être aux législateurs de dormir tranquille mais n’arrangera en rien le sort des ouvriers.
Si on rajoute à cela la fusion de l’ASN avec l’IRSN, dont l’objectif affiché est de « fluidifier les processus d’examen technique et de prise de décision de l’ASN » on peut s’inquiéter encore davantage du devenir de ces travailleurs sous rayonnements.
Encore un peu de rêve, vendu par EDF cette fois, un des principaux employeurs de ces travailleurs pressurés qui écrit : « la seule industrie nucléaire viable étant une industrie qui prend soin de ses salariés, notamment dans ce domaine si particulier et si spécifique de la radioprotection » (35)
Dans la riche panoplie d’outils au service des industriels de l’atome, un de taille concerne la « dose collective en homme Sievert » : cette unité, correspondrait « au total de l’exposition en Sv délivrée pendant une année à chaque travailleur qui est intervenu d’une manière ou d’une autre pour exploiter une tranche REP ou PWR ». Rien n’indique dans cette définition donnée par Pierre Beslu, si les travailleurs pris en compte ont travaillé ou pas sous rayonnements ionisants : on voit comment il suffirait d’emplir les données d’un bon nombre de travailleurs non exposés pour faire tomber drastiquement la dose collective.
L’homme est, encore aujourd’hui, en attendant l’hypothétique avènement de robots, une économique pièce maîtresse de la chaîne atomique, de la mine d’extraction aux déchets nucléaires en passant par la production électrique. Il est traité comme un consommable jetable puisque les radiations le massacre jusque dans son intimité la plus profonde constituée par ses gènes. Les industriels de l’atome mettent en place des conditions telles que, une fois pressuré et lessivé, cet homme puisse disparaître sans bruit.
J’invite celles et ceux qui pourraient trouver ces propos excessifs, à se faire embaucher pour quelques jours dans une centrale nucléaire ou n’importe quel lieu de la filière atomique ou il subira des expositions aux rayonnements. Il pourra mesurer la réalité de ces assertions. Pour les plus courageux ils pourraient aller jusqu’à passer des temps plus long, comme le fit l’écrivain allemand Günter Wallraff dans les années 1980: il modifia légèrement son aspect physique pour se faire embaucher comme travailleur turc. Il a ensuite couché ses terribles expériences dans un livre « Tête de turc » : il a réussi, à travers son récit, à faire découvrir à une Allemagne sidérée, le misérable sort que faisait vivre son pays aux travailleurs étrangers, en particulier dans le domaine nucléaire .
Marinette Duchêne, dans la revue « Quart Monde » écrivit au sujet de ce livre: « A la lecture de ce livre, on est frappé de découvrir, dans un pays européen développé, fier de ses techniques de pointe, qu’il existe tout un peuple inconnu, humilié, qui survit en assumant les tâches sales, pénibles, à haut risque. Sous-payés, ces hommes peinent dans des conditions inhumaines qui étouffent jusqu’à leur dignité. »
Magnifique synthèse de ce que vivent tous les « trimardeurs » du nucléaire !
– 4 – 1 – 2 – des victimes de la bombe :
Même si quelques propagandistes le nient encore, l’histoire du nucléaire civil n’a pu s’écrire que sur la volonté des états de se procurer la bombe atomique. De fait, nous allons examiner ici quelques exemples de victimes du nucléaire militaire.
- Quelques dirigeants victimes de l’atome
le 22 novembre 1963, le Président John Fitzérald Kenedy fût assassiné par un tireur isolé, selon la version officielle. Pour utiliser la terminologie à la mode aujourd’hui, une des versions complotistes affirme que J-F K voulait s’opposer au programme atomique israélien en préparant la surveillance de la centrale de Dimona qu’il soupçonnait – à juste titre – de servir à la fabrication de matière fissile pour la bombe atomique… L’ouverture par Donald Trump des dossiers sur l’assassinat de J-F K ne devrait pas changer la version officielle puisque quelques jours seulement après cette ouverture « Associated Press » maintenait cette version officielle. Pourtant la copie de la lettre de J-F K au premier ministre israélien, Levi Eshkol, qui venait de remplacer Ben-Gourion démissionaire el 24 juin 1963, montre clairement l’intransigeance du président américain sur ce problème. Elle pourrait fournir le mobile au crime fomenté par Israél avec l’aval de son nouveau premier ministre israëlien Levi Eshkol. Voir le courrier de J-F K à Mévi Eskhol en date du 4 Juillet 1963 (36). extrait :
SECRET
« Cher M. le Premier Ministre
« J’ai personnellement le grand plaisir de vous adresser mes félicitations à l’occasion de votre entrée en fonction en tant que Premier ministre d’Israël. Vous avez toute notre amitié et nos meilleurs vœux dans vos nouvelles tâches. C’est à propos de l’une d’entre elles que je vous écris en ce moment.
« Vous êtes au courant, j’en suis sûr, des échanges que j’ai eu avec le Premier ministre Ben-Gourion au sujet des visites américaines à l’installation nucléaire israélienne de Dimona. Plus récemment, le Premier ministre m’a écrit le 27 mai. Ses mots reflètent une réflexion personnelle très intense sur un problème qui, je le sais, n’est pas facile pour votre gouvernement, comme il ne l’est pas pour le mien. Nous avons accueilli avec satisfaction la réaffirmation ferme par l’ancien Premier ministre que Dimona sera exclusivement consacré à des fins pacifiques, ainsi que la réaffirmation de la volonté d’Israël d’autoriser des visites périodiques à Dimona.
« Je regrette d’avoir alourdi votre fardeau si peu de temps après votre arrivée au pouvoir, mais je pense que l’importance cruciale de ce problème nécessite que j’aborde avec vous, à ce stade précoce, certaines considérations supplémentaires, découlant de la lettre de M. Ben-Gourion du 27 mai, quant à la nature et au calendrier de ces visites. « Je suis
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Le comble dans cette terrible affaire étant que ce serait le Général De Gaule qui aurait fourni la technologie nucléaire « civile » à Israël, probablement en échange de données pour l’élaboration d’une bombe atomique française : les rapports d’historiens ne sont pas très clairs car les protagonistes de cette affaire ont livré des versions différentes.
– Dix ans plus tard, le 20 décembre 1973, c’est Luis Carrero Blanco, premier ministre espagnol du Caudillo Francisco Franco, qui, en version officielle, a été tué par l’ETA dans un attentat à la bombe à Madrid.
L’autre version, plus plausible vu les moyens mis en œuvre pour cet assassinat, serait que la CIA se serait servi de ce meurtre pour faire pression sur Franco pour qu’il arrête sa course à l’accession à la bombe atomique. En d’autres termes, ce serait donc les États-Unis qui auraient commandité l’assassinat de Luis Carrero Blanco.
- Des scientifiques atomistes assassinés
les savants atomistes furent ballotés entre encensement, déchéance puis, rarement réhabilitation comme le fût Robert Oppenheimer. Beaucoup ont payé, parfois avec leur familles, le prix fort de leur vie pour leurs travaux sur l’atome.
La plus grosse facture revient sans doute à l’Iran dont le sort n’a ni beaucoup ému ni beaucoup mobilisé la communauté scientifique internationale. Petite liste dont les auteurs des assassinats sont identifiés comme américains mais surtout israéliens. Selon Mohammad-Reza Djalili, professeur émérite de l’Institut des hautes études internationales et du développement à Genève, « les personnes visées avaient toutes un rôle dans la chaîne qui gère le programme nucléaire. Mais il n’était vraisemblablement pas seulement question du rôle qu’elles y tenaient mais de faire peur à toute une communauté scientifique« .
Voici quelques unes des victimes iraniennes :
– Ardeshir Hassanpour : le 15 janvier 2007, le cadavre d’Ardeshir Hassanpour, 45 ans, qui travaillait à la centrale d’Ispahan, est retrouvé empoisonné au gaz. Il aurait participé au programme nucléaire iranien
– Masoud Ali Mohammadi : Masoud Ali Mohammadi, 51 ans, professeur de physique des particules à l’université de Téhéran, a été tué le 12 janvier 2010 par une bombe apparemment télécommandée qui avait été apposée sur son auto. Un autre scientifique présent dans le véhicule a été grièvement blessé.
– Majid Shahriari : Majid Shahriari a été assassiné le 29 novembre 2010 à l’age de 44 ans. Il était professeur de physique nucléaire à l’Université de Shahid Beheshti et était en charge d’un « projet majeur » pour l’Organisation de l’énergie atomique (OEA) d’Iran, Un autre scientifique a été tué dans cet attentat.
– Darioush Rezaeinejad : le 23 juillet 2011 Darioush Rezaeinejad, 35 ans, est assassiné. Selon le magazine allemand Spiegel, qui cite une source proche des renseignements israéliens, cette action aurait été la première opération dirigée par le nouveau chef du Mossad, Tamir Pardo.
– Hassan Tehrani-Moghaddam : le 12 novembre 2011, à 52 ans, le « grand architecte » du programme de missiles balistiques des Gardiens de la révolution fût tué dans une violente explosion qui fit dix-sept morts sur la base militaire Modarres des Gardiens de la révolution à Bidganeh.
– Mostafa Ahmadi Roshan : le 11 janvier 2012, assassinat du scientifique Mostafa Ahmadi Roshan, 32 ans, par un motard qui a apposé une bombe magnétique à son véhicule. Son chauffeur a été tué avec lui. M. A. Roshan était professeur d’université à Téhéran et superviseur de département à l’usine d’enrichissement d’uranium de Natanz.
– Mohsen Fakhrizadeh : le 27 novembre 2020, des hommes armés ont abattu Mohsen Fakhrizadeh, 59 ans, dans sa voiture dans une embuscade à Absard. Il était l’architecte présumé du programme nucléaire militaire iranien,
– …
- Des populations civiles empoisonnées, assassinées, vitrifiées
Ne disposant pas de la bombe, quelques pays comme l’Allemagne résistent encore à l’assaut qu’elle subit de la part de l’Europe pour son retour à l’énergie nucléaire. Sa sortie révéle aujourd’hui un résultat très intéressant contrairement à ce qui est affiché et prétendu chez nous : tous les réacteurs nucléaires allemands sont fermés, la sortie du charbon est en route et les performances des renouvelables sont surprenantes comme vu précédemment.
Chaque pays détenteur de la bombe a frappé, avec des tirs le plus loin possible de chez lui, ou à tout le moins, loin des centres de pouvoir ou dans des zones déclarées criminellement inhabitées comme le firent les américains, les russes. La France pour sa part, après avoir contaminé l’Algérie dans le désert de Reggane, se rendit en Polynésie pour poursuivre ses forfaits.
De ces pays, comme de Semipalatinsk au Kazakhstan à l’île de la Nouvelle-Zemble, en passant par le désert du Nevada et par l’Australie,… une quantité impressionnante de victimes sont tombées malades et sont mortes, et meurent encore aujourd’hui, des retombées de ces tirs atomiques, improprement dénommés « essais ».
Empoisonnements sans frontières :
– En octobre 1997, l’Institut national du cancer américain montrait que les essais atmosphériques de bombes nucléaires menés au Nevada entre 1951 et 1962 avaient exposé des millions d’enfants américains à de grandes quantités d’iode radioactif. L’Institut National du Cancer évalue ces rejets d’iodes à un niveau au moins 10 fois plus importants que ceux causés par Tchernobyl en Ukraine. (37)
A noter que les iodes radioactifs ne constituent qu’une modeste partie de tous les radioéléments dispersés. Il y a également une composition et une quantité très différente de ces radioéléments entre les retombées d’un tir atomique et celles d’un accident de réacteur comme celui de Tchernobyl.
– En 1961, les soviétiques ont fait exploser la plus grande arme thermonucléaire de tous les temps avec une puissance de 50 mégatonnes, qui avait « environ 10 fois la puissance explosive totale libérée pendant toute la Seconde Guerre mondiale, y compris les bombes Little Boy et Fat Man qui ont détruit Hiroshima et Nagasaki », selon l’experte nucléaire Sara Kutchesfahani.(38)
Une connaissance, même sommaire, comme elle l’était à l’époque sur les effets sanitaires potentiels suite aux retombées d’une explosion atomique, n’a pas empêché Harry S. Truman de lancer la commission du plus grand crime contre l’humanité de l’histoire de l’homme par les Etats-Unis, à travers le massacre fulgurant de populations civiles japonaises à Hiroshima et à Nagasaki.
Selon le National Center for Biotechnologie Information, le gouvernement local décomptait environ 140 000 personnes tuées à Hiroshima et 74 000 à Nagasaki avant la fin de l’année 1945.(39)
– Sur la morbidité, assez difficile à cacher, les résultats semblent corroborer les observations.
– Sur les effets génétiques plus difficiles à démontrer, on peut trouver des résultats officiels qui semblent discutables et défier la raison : ils restent donc à les surveiller de très près… D’autant que ces résultats proviennent d’organismes scientifiques d’Amérique, pays auteur du crime et donc où la suspicion de conflit d’intérêt ne peut être écartée.
Voici un exemple concret sur le doute que l’on est légitime à émettre :
« Les résultats de ces études ont clairement mis en évidence l’augmentation du nombre de cancers en fonction de la dose. Des augmentations d’autres causes de mortalité ont également été observées, notamment des maladies cardiaques et respiratoires.
Il n’y a aucune preuve d’effets génétiques chez les enfants des survivants, y compris le cancer et d’autres maladies multifactorielles. » (Surligné par le rédacteur) (40)
– IV – 2 – De nombreux acteurs complices de l’aventure nucléaire mortifère
Nous avons évoqué plus haut le cas de Michel L., qui a du subtiliser son dossier médical des mains de son médecin du travail pour s’apercevoir que ce dernier lui avait caché les examens montrant sa forte contamination interne à l ‘uranium durant des années. Sans bien sûr chercher à excuser, aussi horrible soit ce viol du serment d’Hyppocrate par un professionnel, comment un médecin isolé peut-il résister seul à la pression de l’employeur dont il a la charge des salariés ?
Quelques professionnels de santé arrivent pourtant à faire correctement leur travail : en 2018, le Dr Dominique Huez, médecin du travail à la centrale de Chinon a été poursuivi devant le conseil de l’ordre des médecins pour avoir remis un certificat médical à un travailleur qu’il avait évalué en urgence médicale. Ce médecin du travail fût mis à pied par la centrale nucléaire et licencié. Ce n’est pas un cas isolé, plus d’une centaine de médecins ont fait, ou font l’objet, d’une action coordonnée du patronat sous forme de plaintes systématiques devant le conseil de l’ordre des médecins.(41)
- Des politiques promoteurs zélés de l’atome
Le premier février 2025, à l’occasion du « grand débat » avec des maires ultramarins, E. Macron a osé réactiver la technique utilisée avec succès pour la manipulation des français suite à la contamination de la France par le nuage de Tchernobyl en avril 1986. Il a affirmé, en parlant du chlordécone, qu ‘ « Il ne faut pas dire que c’est cancérigène. »…. « Sinon, on alimente les peurs. » (42)
On retrouve, à travers cet exemple, la même manipulation que dans l’affaire de l’excès de cancers et de leucémies infantiles autour de La Hague, (Voir paragraphe suivant)
Comme dans toutes les autres manipulations ou des gens souffrent et meurent des agressions de produits industriels toxiques, chimiques,… ou des politiques serviles dédouanent impunément ces coupables. Sur cette énorme contamination environnementale ou un insecticide a mutilé et tué des milliers de personnes et continue de le faire aujourd’hui, voici ce qu’en disent des scientifiques que, souvent, l’argent du contribuable a rémunéré dans le but qu’il protège sa santé : sur ce sujet du chlordécone, nous retiendrons les études de Santé publique France et de l’Anses :
« La présence aux Antilles d’un certain nombre de facteurs de risque avérés, suspectés ou débattus du cancer de la prostate contribue à expliquer cette situation épidémiologique : • origine africaine de la population (mutations génétiques héréditaires), • antécédents familiaux, • surpoids et obésité, • diabète, • caractéristiques socio-économiques, • expositions environnementales et professionnelles. » (43) |
On peut voir, comme dans la quasi totalité des affections larges et graves, que la responsabilité sanitaire individuelle est partout : pour les faux spécialistes en santé publique : la victime se retrouve coupable de ses maux, essentiellement au niveau génétique ou familial pour dédouaner les vrais coupables… Fermez le ban !
- Heureusement, il y a toujours des professionnels de santé honnêtes
A contrario, quelques scientifiques, peu nombreux, font de la Science, pas de la Propagande.
Parmi eux on trouve le professeur épidémiologiste Jean-François Viel : il a écrit « La santé publique atomisée – Les leçons de La Hague » en réponse aux réactions violentes du milieu scientifique français suite à la parution de son étude épidémiologique sur le site de La Hague. Il avait démontré, dans son travail, un excès de leucémies et de cancers infantiles, suite à la fréquentation des plages locales et des côtes du Nord Cotentin par les mères enceintes et par leurs enfants. Il rajoutait à l’origine de cet excès, la consommation, par les enfants, de poisson frais et de fruits de mer.
J-F Viel notait que des médecins avaient de la difficulté à concevoir que les radiations puissent avoir des impacts négatifs sur la santé des personnes puisqu’ils se servaient de cette radioactivité pour les « soigner ».
Il a payé le prix fort de ses révélations scientifiques : des centaines de ses collègues, en particulier ceux de la commission « Sugier » se sont alliés pour discréditer son travail. L’IRSN pour sa part, dans sa tradition, préconisait de mener de nouvelles études tout en mettant en avant les pistes évoquées au paragraphe précédent sur la responsabilité biologique intrinsèque des personnes atteintes.
Mais les travaux de Jean-François Viel, discrédités en France, malgré leur publication dans le prestigieux Britih Medical Journal – nous sommes en 1997 – ont été définitivement validés au niveau international en 2001.
Dans cette affaire de La Hague, les scientifiques français se sont à nouveau retrouvés ridiculisés au niveau mondial. Dix ans après l’affaire du « Nuage de Tchernobyl », (44) ces scientifiques nous rejouaient le scénario du mensonge scientifique éhonté : alors que les niveaux de contamination de la France et des français étaient largement documentés et avérés, ils étaient cachés à la population par l’Etat, des industriels et la science officielle.
Devant ces mensonges, dans la Drôme, immédiatement après la catastrophe de Tchernobyl, un groupe de scientifiques et de personnes, sur une idée de Michèle Rivasi, créèrent, en 1986 une association, la CRIIRAD : le but de cette association était de réaliser ses propres mesures et de diffuser les résultats à travers la création d’un laboratoire d’analyse de la radioactivité indépendant.
Pour le mensonge d’État autour de Tchernobyl, avec la complicité de nombreux acteurs dont ceux de la santé, le mobile du crime qui a laissé la population française sans information ni protection, même la plus élémentaire, contre les radiations était lié au fait qu’il restait à la France 21 réacteurs nucléaires à mettre en service ou à finir de construire : que pouvait peser la santé des français dans cet enjeu industriel ?
– V – Conclusion
Voilà donc un long arrêt sur l’image de l’industrie nucléaire, essentiellement française aujourd’hui. Une propagande atomique inouïe, à base de pénétration permanente de tous les cerveaux par tous les canaux possibles, transforme les vérités en fausses nouvelles. L’affaire de la guerre d’Ukraine, a démontré le danger total constitué par la détention de sites nucléaires d’enrichissement, de conversion,… voire encore plus dangereux pour l’usine de La Hague, avec ses piscines saturées en combustibles usés ainsi que ses énormes stocks de plutonium.
On nous ment même sur l’efficacité de nos protections contre les attaques sophistiquées de ces installations sensibles via des chasseurs en alerte permanente ou celui de parapluies antimissiles : ces véritables lignes Maginot ne résistent pas à des missiles actuels comme ceux que détient la Russie, de type Avangard, qui manœuvrent à 25 000 km/h, à une altitude de 100 kilomètres. De plus, ces missiles sont capables de changer de cap de manière totalement imprévisible et ils peuvent être dotés des charges nucléaires.
N’importe quel observateur objectif aurait donc tiré la conclusion de la nécessité d’un arrêt total et rapide de la filière nucléaire et mise à l’abri de toute matière fissile existante : chez nous, les « trop intelligents », comme les nommait Lanza del Vasto, continuent de foncer tête baissée et de nous précipiter dans le mur. A contrario, ils nous expliquent que c’est suite à cette guerre et à la baisse de l’approvisionnement en gaz russe que la relance massive du nucléaire produira en grande quantité un volume d’électricité capable de remplacer ce gaz de l’Est…
Pour ce qui est des réacteurs déjà en service et poussés au-delà de leurs capacités, depuis le précédent document sur le grand carénage évoqué en introduction, tous les éléments dégradés ont pris 5 ans de vieillissement et de nouvelles dégradations supplémentaires.
Les câbles électriques aux isolants intégralement en PVC et qui sont interdits sur les nouveaux réacteurs, transmettent encore davantage la flamme : 1 100 km sur 1 190 sont présents sur un réacteur de 1 300 Mwé !
Ou en sont les évolutions des fissures sur les enceintes externes, dont Civaux était médaille d’or avec 2 km de fissures cumulées et Golfech 2 médaille d’argent avec 1 km 500 ? Sans les documents d’EDF obtenus grâce à Nozomi Shihiro,(1) nous n’aurions pas eu connaissance de cette énorme affaire. EDF ou l’ASN restent silencieux et aucune information sur ce problème n’a été fourni ni au public ni aux associations…
Ce qui est certain est que ces fissures se sont inexorablement étendues puisque les documents révélant ces failles dataient de 2009, soit 16 années de vieillissement supplémentaire !
Quand des éléments supplémentaires sur des problèmes techniques affectant les réacteurs seront portés à notre connaissance sur quelques éléments constitutifs des réacteurs qui se dégradent encore et toujours, au fil du temps, nous y reviendrons dans une annexe spécifique.
Profitant sans doute encore de la guerre en Ukraine, le gouvernement lance l’édition d’un manuel de survie de crise ou de conflit armé qui va être envoyé à tous les foyers français d’ici cet été.
Avec le nombre de pétaudières atomiques en activité sur notre territoire, dans les éléments dont les français doivent se protéger figure… le nucléaire !
Il est écrit que, grâce à manuel, le Peuple connaîtra les gestes simples à exécuter comme fermer toutes les portes du foyer et les fréquences radio qui seront accessibles. (45)
Un certain nombre d’entre vous a peut-être réussi à lire quelques éléments de ce terrible constat où, quelques décideurs, entourés de quelques laquais, mettent en œuvre une inacceptable situation atomique qui menace de maladies et de morts des milliards d’êtres humains.
Voici donc une soupape de sécurité qui rejettera enfin dans nos têtes, autre chose que des radiations : c’est une courte vidéo qui a été produite, il y a longtemps, par notre ami Alain de Halleux. (46)
A SUIVRE !…
Références du texte :
- https://stopgolfech.org/wp-content/uploads/2020/04/20-4-13Pourquoi-linterdiction-du-grand-car%C3%A9nage-doit-%C3%AAtre-impos%C3%A9e-%C3%A0-EDF.pdf –
- https://www.radiototem.net/tarn-et-garonne/1552-un-livre-denonce-l-etat-des-centrales-nucleaires-francaises
- https://www.amisdelaterre.org/actu-groupe-local/golfech-rejet-gazeux-2016-jugement/
- https://www.sortirdunucleaire.org/IMG/pdf/Etudes_e_pide_miologiques_europe_enne_V3.pdf
- https://blogs.mediapart.fr/edition/je-travaille-dans-le-nucleaire/article/170911/inondation-en-salle-des-machines
- https://www.assemblee-nationale.fr/12/pdf/rap-off/i0832.pdf
- https://www.sfen.org/rgn/le-point-sur-le-phenomene-de-corrosion-sous-contrainte-causes-evolutions-reparations/
- https://reporterre.net/EDF-prolonge-l-arret-de-quatre-de-ses-reacteurs-nucleaires
- https://assets.rte-france.com/analyse-et-donnees/styles/wide/s3/2023-02/graph%20doc%20complet60.jpg?itok=Hqx3QccF
- https://www.sortirdunucleaire.org/index.php/spip.php?page=spipdf&spipdf=spipdf_article&id_article=6225&nom_fichier=Reseau-Sortir-du-nucleaire_article6225
- https://www.legifrance.gouv.fr/download/pdf?id=JuaQhmX_s2QO98PIqRgWMSu1fmt64dDetDQxhvJZNMc=
- « Corrosion des circuits primaires dans les réacteurs à eau sous pression » – Analyse historique -Pierre Beslu – edp Sciences
- https://www.nrc.gov/docs/ML0708/ML070860280.pdf
- https://www.gazettenucleaire.org/2023/301/l-intermittence-de-l-epr-taishan-1.html
- https://www.asn.fr/information/archives-des-actualites/chute-d-un-generateur-de-vapeur-l-asn-a-diligente-une-inspection-immediate-a-paluel-76
- https://surveillance-golfech.fr/garonne-en-fete-baignade-dans-les-rejets-radioactifs-de-la-centrale/
- https://france3-regions.francetvinfo.fr/normandie/manche/flamanville/l-epr-un-engin-trop-complexe-quasi-inconstructible-le-requisitoire-de-l-ancien-patron-d-edf-2678816.html
- https://www.courrierinternational.com/breve/2011/03/16/sept-reacteurs-nucleaires-mis-a-l-arret
- https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/nucleaire-ledf-allemand-contre-la-relance-de-latome-2140036
- https://www.usinenouvelle.com/article/le-choix-de-siemens-montre-que-les-energies-renouvelables-sont-une-realite-industrielle.N159065
- https://www.sortirdunucleaire.org/France-Golfech-Incident-de-niveau-2-sur-le-reacteur-2
- https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/2020-08-17/gruinard-la-minuscule-ile-ecossaise-en-quarantaine-be5f5c26-fbd7-4485-a575-19c9cd85195e
- https://drive.google.com/file/d/1JLFTIjPpGWdPNeV6zFpixE-M1U-btovr/view
- https://aipri.blogspot.com/2012/08/de-la-grandeur-sale.html
- https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/fukushima-l-elite-japonaise-s-108247
- https://www.yomiuri.co.jp/national/20250306-OYT1T50134/#google_vignette
- https://dayhist.com/fr/evenements/tchernobyl-condamnation-responsables-1987
- https://nuagesansfin.info/wp-content/uploads/2016/04/Annexe-Sfen.pdf
- https://www.ma-zone-controlee.com/accueil/
- https://reporterre.net/Mort-de-Gilles-Reynaud-infatigable-defenseur-des-travailleurs-du-nucleaire
- https://www.sortirdunucleaire.org/IMG/lettre/lettre_20160115_d9b95_fr.html
- https://www.ladepeche.fr/2025/02/25/cancers-professionnels-pourquoi-cest-une-bombe-pour-la-securite-sociale-12526796.php
- https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/17/rapports/ots/l17b0705_rapport-information#
- https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000036985602
- https://www.edf.fr/sites/groupe/files/Lot%203/FOURNISSEURS/DEVENIR%20FOURNISSEUR/PDF/memento-de-la-radioprotection-en-exploitation-.pdf
- https://nsarchive.gwu.edu/document/18734-national-security-archive-doc-35-state
- https://www.cancer.gov/about-nci/legislative/hearings/1997-estimated-exposures-thyroid-doses-iodine-131-fallout.pdf
- https://www.nationalgeographic.com/history/article/us-nuclear-testings-devastating-legacy-lingers-30-years-later
- https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC5865006/
- https://academic.oup.com/rpd/article-abstract/151/4/671/1628834?login=false
- https://www.cgt.fr/comm-de-presse/une-manoeuvre-odieuse-de-lentreprise-orys
- https://www.telerama.fr/television/outre-mer-emmanuel-macron-confisque-les-micros-et-le-debat-sur-le-chlordecone,n6118906.php
- https://www.chlordecone-infos.fr/sites/default/files/documents/2018_Synthese_Chlordecone.PDF
- https://nuagesansfin.info/
- https://www.europe1.fr/societe/info-europe-1-un-manuel-de-survie-en-cas-de-guerre-ou-de-crise-va-etre-envoye-a-tous-les-foyers-francais-dici-a-cet-ete-668401
- https://youtu.be/MCpNNRrN8oI